La psychologue mâconnaise vient de publier un livre intitulé "Je me défends du sexisme" afin d'aider les collégiennes et lycéennes à répondre au sexisme ordinaire.
Comment faire face lorsque l'on subit des remarques sexistes ?Que l'on est 6 ans ou 16 ans, il n'est pas évident de répondre à des attaques verbales, des commentaires sur son apparence physiques, des sifflements et des regards appuyés ?
La psychologue Emmanuelle Piquet, installée à Mâcon, le sait.
Après avoir été consultante en ressources humaines, elle s'est spécialisée dans l'accompagnement et le suivi de jeunes victimes de harcèlement scolaire et de sexisme.
Dès la petite enfance, la cour de récréation est le lieu de comportements sexistes :
"Les garçons occupent 80% de la cour de l'école et en plus, le centre. Les filles sont rejetées en périphérie parce qu'elles discutent, qu'elles sont "commères" explique la psychologue.
Peu à peu, ce type de comportement est intériorisé car le sexisme ordinaire est présent partout :"la cour de récréation, la rue, l'entreprise sont occupés par les garçons. Il n'y a qu'à voir le nombre de femmes présentes dans les conseils d'administration des grandes entreprises."
Pour la psychologue, dans certains pays européens, ce sexisme est très ancré en raison de l'héritage culturel ou religieux : "Selon certains récits, la femme a quand même été créée à partir d'une côte de l'homme et pour éviter qu'il s'ennuie."
Comment faire changer les choses ?
Faire évoluer les mentalités prendra du temps.Pour elle, il faut déjà commencer par former les adultes à avoir de bons réflexes face aux situations de sexisme, au sein de l'Education nationale par exemple : "S'interposer sans cesse part d'un bon sentiment mais il faudrait plutôt conseiller les filles qui viennent dénoncer des attitudes sexistes, les outiller afin qu'elles puissent se défendre par elles-mêmes. Cela leur redonnera confiance en elles."
Emmanuelle Piquet a beaucoup réfléchi à la question du harcèlement scolaire avant celle du sexisme.
Installés dans plusieurs villes d'Europe, les centres de consultation Chagrin scolaire reçoivent plus d'un millier de consultations par mois et forment des professionnels de l'éducation (enseignants, psychologues, conseillers d'éducation, etc.)
A Mâcon où Emmanuelle Piquet vit, le cabinet reçoit entre 300 et 400 enfants et adolescents.
Un livre comme une boîte à outils
"Je me défends du sexisme" publié chez Albin Michel Jeunesse, illustré par Lisa Mandel, a été écrit dans cette optique.La psychologue a compilé des témoignages recueillis au fil du temps.
Chaque histoire présente le cas concret et les stratégies mises en place pour tenir tête aux garçons.
"Chaque acte ou propos sexiste laisse aux filles qui en sont victimes un sentiment de dégoût, celui d'avoir été considéré comme un objet sexuel" explique Emmanuelle Piquet.
Répondre et mettre fin aux agissements que l'on subit permet de retrouver confiance en soi et de faire que l'inconfort ne soit plus du côté de la victime mais de l'agresseur."