Les villes riveraines de la Saône misent sur les croisières fluviales

En 2015, près de 75 000 personnes ont fait escale à Mâcon lors d'une croisière fluviale sur la Saône. Les villes riveraines de la rivière multiplient les investissements pour attirer les touristes majoritairement étrangers.

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Le tourisme fluvial est en plein essor dans l'Hexagone, en particulier sur l'axe Saône-Rhône. Soucieuses d'avoir leur part du gâteau, les villes riveraines engagent des investissements pour mieux accueillir paquebots et croisiéristes.

A Mâcon (Saône-et-Loire), les travaux touchent à leur fin sur le quai des Marans. Le port d'amarrage, proche du centre-ville, est désormais pourvu d'infrastructures où six bateaux embarquant jusqu'à 150 passagers pourront accoster simultanément sur les trois appontements, contre quatre auparavant.

Le réaménagement a duré un an pour un budget de 3,6 millions d'euros, financé par les collectivités locales, Voies navigables de France (VNF) et des fonds européens et nationaux pour le développement des territoires.

"Bornes d'eau et d'électricité, colonnes à déchets enterrées, stationnements de bus dédiés pour les visites guidées, embellissement du quai... Tout a été conçu pour offrir une halte agréable et commode aux bateaux-hôtels et assurer la tranquillité du voisinage", détaille Marie-Paule Cervos, adjointe chargée des relations internationales et du rayonnement touristique de Mâcon.

75 000 passagers à Mâcon en 2015

Sur le bassin Rhône-Saône qui compte 28 sites escales entre Chalon-sur-Saône et Arles, la saison s'étend de mars à novembre. La clientèle, composée en majorité de seniors, et étrangère à plus de 75%, apprécie les croisières de sept jours qui descendent ou remontent le fleuve et la rivière, son principal affluent.

Selon VNF, 75 000 passagers se sont arrêtés à Mâcon en 2015 lors de 539 escales, contre 447 un an plus tôt. La ville qui a investi plus de 700 000 euros dans les travaux, espère qu'ils seront encore plus nombreux les saisons prochaines. Surtout après une année 2016 difficile en raison de crues exceptionnelles et du contexte des attentats qui a entraîné des annulations.

"Nous avons eu la promesse de certains opérateurs qu'ils feraient davantage d'escales et plus longues à Mâcon", confie Marie-Paule Cervos, tandis que l'Office du tourisme se mobilise pour attirer cette clientèle au centre-ville en préparant des offres "adaptées" et en sensibilisant les commerçants, explique son directeur, Frédéric Chapotot.

Une manne à partager

Pour VNF, le tourisme fluvial, "secteur à haut potentiel", représente déjà 500 millions d'euros de retombées par an pour les territoires "irrigués" (plaisance, croisières mais hors bateaux promenade).

Le long de la Saône, Mâcon n'est pas la seule à vouloir profiter de cette manne. Tournus, au sud de Chalon-sur-Saône, halte appréciée pour l'abbaye Saint-Philibert et le Château de Cormatin, accessible facilement en car, prévoit aussi d'augmenter ses capacités d'accueil à trois paquebots contre un actuellement.

"On est dans une phase d'étude avec un amarrage un peu plus en aval que l'existant", indique Aline Martin, spécialiste du développement à la direction territoriale Rhône-Saône de VNF. "C'est la commune qui porte le projet, en collaboration avec la région et VNF pour un coût estimé à trois millions d'euros".

A Villefranche-sur-Saône (Rhône), deux projets sont prévus pour le même montant : l'aménagement d'un site d'hivernage au port de Frans et la création d'un port d'accostage au lieu-dit La Plage. Les travaux devraient commencer fin 2018. Une concurrence en perspective pour ces villes relativement proches.

Des sites bien équipés

"Il est certain que les nouvelles infrastructures mâconnaises rendent l'escale plus attractive pour les croisiéristes. Ceux-ci apprécient les sites bien équipés, d'autant que Lyon est complètement saturé", explique Ghislaine Lherbier, directrice d'Un Monde Bleu, agence réceptive basée à Lyon qui gère toute la logistique des croisières.

Selon elle, ces aménagements arrivent toutefois un peu tard : "Le marché commence à plafonner et en 2017, certains bateaux se retirent de la France du fait de l'état d'urgence".

Du côté de VNF, on reste confiant pour le bassin Rhône-Saône. "Vingt-deux bateaux vont continuer à circuler. Il y a un peu moins de réservations d'Américains mais la clientèle européenne sera toujours présente", prédit-on.

La Métropole de Lyon et VNF viennent d'ailleurs de ratifier une charte de partenariat visant à investir jusqu'en 2021 plus de 5 millions d'euros (900 000 euros par la Métropole et 4,2 millions par VNF) pour "ancrer le le tourisme fluvial dans l'offre touristique métropolitaine".
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