En cette période de confinement pour cause de Covid-19, les puzzles ont la cote. C’est le cas des puzzles en bois Michèle Wilson fabriqués à Sennecey-le-Grand, en Saône-et-Loire, selon les techniques traditionnelles. Un savoir-faire devenu unique en France et en Europe.
Une vue de la Tour Eiffel ; un tableau représentant une danseuse de Degas ; le dessin d’une carte d’Europe… Le tout découpé en des dizaines ou des centaines, voire des milliers de pièces. Des éléments qu’il faut patiemment assembler pour reconstituer l’image figurant sur la boîte. C’est le principe du puzzle (qui signifie « énigme » en anglais). Ce jeu, qui serait peut-être originaire de Grande-Bretagne, a conquis le monde entier : ces petites pièces sont souvent synonymes de vacances et de loisirs, de longs moments passés en famille ou en solitaire.
Les passionnés peuvent passer des heures à reconstituer quelques centimètres de mer turquoise, de feuillage verdoyant ou de ciel bleu azur. Pour eux, le confinement imposé pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 a été l’occasion de renouer avec des plaisirs un peu oubliés.
Résultat : les fabricants de puzzle connaissent depuis quelques semaines un rythme équivalent à celui de Noël. Si les boutiques sont fermées, l’activité se poursuit via internet. C’est le cas pour la société Puzzle Michèle Wilson qui reçoit des commandes d’un peu partout en France, mais aussi des Etats-Unis, d’Australie, etc.
Les gens sont à la recherche de loisirs traditionnels pour meubler les journées avec les enfants ou les longues soirées cloîtrées en solitaire, car c’est un passe-temps qui peut se pratiquer seul ou à plusieurs, explique son gérant Julien Vahanian. Ce qui marche le mieux en ce moment, ce sont les puzzles de 250 pièces et au-delà, car on est sûr d’être occupé pour un moment, dit-il.
Quelle est la particularité des puzzles Michèle Wilson ?
Depuis sa création il y a 45 ans, l’entreprise de puzzles a commercialisé des centaines de modèles en bois. Une aventure qui a commencé en 1975 avec Michèle Wilson, qui était découpeuse pour la marque Vera basée à Paris. Quand son employeur cessa son activité, elle décida de créer sa propre société qu’elle installa dans sa maison située près de Tournus, en Saône-et-Loire. Aujourd'hui, Michèle Wilson est morte, mais son nom est resté. Elle avait vendu sa société à la fin des années 1990. En 2013, Julien Vahanian, un passionné de jeux, la racheta.Depuis toutes ces années, la fabrication se poursuit entre la Bourgogne et Paris : dans un atelier situé à Sennecey-le-Grand, en Saône-et-Loire, et dans trois boutiques-ateliers à Paris.
"Les puzzles Michèle Wilson sont trois fois plus difficiles à assembler que les puzzles classiques."
La raison en est simple : les pièces en bois de peuplier sont toutes découpées à la main par un artisan qui suit le motif et les couleurs d’un tableau ou d’une illustration. Chaque découpeur a son style.
A l’arrivée, le résultat est plus beau … mais il est aussi beaucoup plus difficile à atteindre, comparé aux puzzles classiques où les pièces en carton sont fabriquées par une machine.
C’est justement ce résultat unique et cette complexité qui séduisent ceux qui achètent des puzzles Michèle Wilson. Le plaisir de manier des pièces de ciel en forme de nuages ou des morceaux de mer en forme de vagues par exemple.
Des puzzles labellisés Entreprise du Patrimoine Vivant
"Il n’y a pas de formation pour apprendre à découper des puzzles d'art à l’ancienne avec une scie à chantourner. Le savoir-faire se transmet d’artisan à artisan et il faut compter deux ans pour apprendre le métier. Nous sommes les seuls en France et en Europe à fabriquer encore ce type de produit", assure Julien Vahanian.La société Puzzle Michèle Wilson s’est d’ailleurs vu attribuer le label Entreprise du Patrimoine Vivant : il s’agit d’une marque de reconnaissance de l’Etat mise en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.
Les prix de ces puzzles d’art vont de 12 euros jusqu’à 860 euros pour les boîtes de plus de 5 000 pièces, destinées aux plus chevronnés.
"Le véritable amateur choisira des sujets avec pas mal de pièces. Il y passera des heures et des heures, des jours et des nuits même. Il oubliera absolument tout", expliquait Michèle Wilson à France 3 Bourgogne lors d’un reportage en 1993. "Après, eux, ils défont leur puzzle et ils le rangent dans une armoire", alors que d’autres sont si fiers de leur réalisation qu’ils collent les pièces sur un support et l’encadrent comme une œuvre d’art.
Les passionnés savent aussi qu’ils peuvent compter sur l’entreprise née en Saône-et-Loire pour vaincre leur pire cauchemar, celui des pièces égarées ou abimées.
Si votre chien a mâchonné un morceau de ciel, l’entreprise peut fabriquer pour vous la partie manquante. Pour cela, il suffit d’envoyer les pièces qui entourent le trou. Cela vaut pour tous les puzzles à partir de 500 pièces : il faut compter 30 euros la pièce et environ un mois de délai pour la réparation. Cela marche aussi s’il s’agit d’un puzzle ancien, qui ne figure plus au catalogue, ou d’un autre fabricant, "la réparation sera alors soumise à un devis spécifique, selon le travail demandé, l’épaisseur du bois…". Quand on aime, on ne compte pas, dit le proverbe…