Tandis que le Territoire de Belfort a placé le département en alerte renforcée sécheresse; le Doubs a, selon la préfecture, franchi le seuil de niveau crise. Pour autant, les acteurs et pouvoirs publics en charge de l’alimentation en eau du Pays de Montbéliard assurent que le risque d’assèchement est nul.
220.000 habitants de l’agglomération du Pays de Montbéliard sont alimentés en eau potable par le Doubs, via le point de captage situé dans le département du même nom, à Mathay. Une ressource qui a franchi le seuil de niveau crise, selon la préfecture du Territoire de Belfort.
Pour Véolia Eau Région Est, cela s’explique car parmi les quatre versants du Doubs qui alimentent le département, un est en crise. D’autant que les villes de Belfort et d'Héricourt (Haute-Saône), sont également alimentées quotidiennement par le Doubs. Dans un contexte global de fortes chaleur et de faibles précipitations, la préfecture a ainsi placé le département, mardi 5 septembre, en alerte renforcée sécheresse.
Malgré ce nouveau palier, Daniel Granjon, vice-président eau, assainissement et ordures ménagères à l’agglomération du Pays de Montbéliard et maire de Mathay (Doubs), se veut rassurant : “Il n’y a aucun risque d’assèchement”, affirme-t-il en indiquant que le débit de la rivière, à 5m³ par seconde, est actuellement “stable et largement suffisant”, bien que légèrement inférieur au débit réservé, fixé à 5.3m³. Le débit réservé étant le débit minimal obligatoire d’eau que les propriétaires ou gestionnaires d’un ouvrage hydraulique doivent réserver pour le partage de la ressource. Constat corroboré par Véolia Eau Région Est qui indique qu’il n’y a pas de difficulté majeure pour les 4 bassins versants du Doubs.
Pas d’inquiétude
La situation deviendrait inquiétante avec un débit de 0.5m³ par seconde, ce qui n’est jamais arrivé selon le maire de Mathay. Avec chaque jour 30.000m³ d’eau rétribués, la situation deviendrait inquiétante avec un débit de 0.5m³ par seconde, selon Daniel Granjon. Il observe toutefois une intensification des alertes sécheresse : “La fréquence est plus importante, avant c’était tous les quatre ou cinq ans, maintenant c’est tous les ans.”
Pour rappel, le niveau d’alerte est instauré “lorsque la coexistence de tous les usages et le bon fonctionnement du milieu aquatique ne sont plus assurés dans de bonnes conditions”. L’alerte renforcée, qui interdit l’arrosage des pelouses et massifs et restreint le nettoyage des toitures, façades ou voiries, est déclenché lorsque la situation hydrologique s'aggrave, “sans toutefois que les milieux aquatiques et les usages de l’eau ne soient encore trop durement atteints”, selon la préfecture.
Des ruptures de canalisations à risque
Cela déclenche alors chez Véolia un mode opératoire qui consiste notamment à informer les consommateurs. “On le voit sur nos courbes, les gens font de plus attention”, indique en ce sens l’entreprise gestionnaire de service d’eau, tandis que Daniel Granjon constate même une baisse du volume distribué en cas d’alerte, qu’il estime à environ 10%.
Tous deux craignent davantage les mouvements de terre, causés par la chaleur et l’assèchement du terrain, qui peuvent créer des ruptures de canalisation et des fuites de grande ampleur, comme l’année dernière à Valentigney (Doubs). Daniel Granjon pointe notamment du doigt un réseau vétuste et des taux de renouvellement insuffisants tant l’opération est coûteuse. Il précise : “Selon les normes actuelles, les canalisations doivent tenir 177 ans. On s’est donné les moyens à l’agglomération d’avoir des taux de renouvellement qui demandent de tenir 160 ans.”