L'usine SKF, dans l'Yonne, fermera ses portes à l'automne prochain, faute d'avoir trouvé un repreneur. Les salariés et les habitants d'Avallon sont dépités.
"À Avallon, tout est mort. Y'a plus rien !", s'exclame un passant. "C'est vrai qu'il n'y a déjà pas grand-chose ici. Là, c'est encore une bonne boîte qui fout le camp...", déplore une autre habitante. Dans les rues d'Avallon, la déception est grande après la confirmation de la fermeture de l'usine SKF, spécialisée dans les roulements et les couronnes d'orientation. Après plus de 60 ans d'existence, SKF fermera définitivement fin octobre. Aucun repreneur n'a été trouvé, malgré les démarches entamées il y a déjà deux ans, lors de l'annonce de la délocalisation vers l'usine de Saint-Cyr-sur-Loire en Indre-et-Loire.
Un avenir incertain pour les 150 salariés
"Ça fait deux ans qu'on nous a annoncé la fermeture, mais on est quand même dans un état d'esprit compliqué", reconnaît Didier. Il est salarié de SKF depuis 2006. "Je vais avoir 53 ans. Le marché du travail sur l'Avallonnais est compliqué. Ça va être difficile de repartir de zéro. J'ai une pensée pour tous mes collègues qui sont dans le même cas que moi", soupire-t-il.
Un autre salarié, David, la cinquantaine également, tente de positiver : "Je suis un peu dégoûté mais c'est comme ça. C'est la vie, on va rebondir et faire autre chose." Avant de reconnaître : "Ce n'est pas une période très facile pour retrouver du travail derrière." Les salariés avaient la possibilité d'être mutés dans l'autre usine SKF, celle de Saint-Cyr-sur-Loire. Inenvisageable pour David : "J'ai ma famille, ma vie sociale qui est ici. Je n'irai pas à Saint-Cyr."
"Ils nous l'ont joué un peu à l'envers"
"C'est la mort dans l'âme que l'on va finir, tant bien que mal, jusqu'au 31 octobre", ajoute Didier. "On nous a dit qu'on serait payé jusqu'à la fin de l'année." Mais cette "carotte" ne suffira pas à compenser la déception des bientôt ex-employés : "La manière dont ça nous a été annoncé, du jour au lendemain... C'était un peu brutal. Ils nous l'ont joué un peu à l'envers", juge David.
Didier, lui, estime que la direction n'a pas fait le nécessaire pour permettre à l'usine avallonnaise de surmonter ses difficultés. "Cette délocalisation arrive à un moment où il y avait très peu d'investissements, donc c'était difficile de pouvoir rivaliser avec les entreprises concurrentes."
"C'est vrai qu'on avait un outil de travail un peu vétuste, il aurait fallu mettre un peu la main à la poche, mais je pense que le groupe ne nous a pas fait assez confiance."
Didier, salarié de SKF depuis 2006
Un manque à gagner pour les commerces d'Avallon
La fermeture de SKF est aussi un coup dur pour l'économie locale. La grosse centaine de salariés faisait vivre une partie du tissu économique d'Avallon : "C'est sûr, ça va créer un manque à gagner", craint Anthony Berchet. Directeur du restaurant l'Horloge, il reçoit depuis des années les salariés de SKF à sa table. "Ça allait du simple ouvrier aux cadres, certains organisaient des repas d'affaires avec de gros clients et venaient régulièrement. On en a quelques-uns qui étaient de bons amis."
"Fatalement, les salariés vont peut-être chercher du travail ailleurs et quitter Avallon. Ça représente beaucoup de monde."
Anthony Berchet, restaurateur à Avallon
Pour l'instant, "42 collaborateurs, soit 30 % de l'effectif, ont déjà trouvé des alternatives, soit par une reconversion, soit par un nouveau travail, soit par un départ en retraite", a précisé la direction auprès de l'Yonne Républicaine. Les autres ont jusqu'au 31 octobre pour trouver une solution de repli.