Le monde du football est en deuil. Diego Maradona est décédé mercredi 25 novembre à l'âge de 60 ans. Beaucoup tiennent à lui rendre hommage. Guy Roux, ex-entraîneur de l'AJ Auxerre, salue la mémoire d'un "joueur exceptionnel". Il a assisté en direct en 1986 à la "main de dieu".
Le monde du football pleure aujourd'hui une de ses plus grandes icônes. Pelé, Platini, toutes les plus grandes légendes ont salué mercredi la mémoire de Diego Maradona, mort à l'âge de 60 ans.
Pour Guy Roux, l'ancien entraîneur de l'AJ Auxerre, "dans la série des grands footballeurs, qui est restreinte, il est dedans, premier ou deuxième avec Pelé. J’en mets deux devant les autres, Pelé et Maradona, et après un petit peloton de très très bons en tête duquel Platini, Cruyff, Messi et Ronaldo."
L'ancien technicien se dit aujourd'hui "content d'avoir été son contemporain, de l'avoir vu jouer trois ou quatre fois. C'est une grande chance".
Pour le technicien icaunais, Maradona avait un don, mais un don qu'il a travaillé dès son plus jeune âge dans les rues du quartier pauvre de Buenos Aires où il a grandi. "Il a été élevé dans une favela, un quartier pauvre de Buenos Aires. C'est là qu'il a développé son adresse en prenant tout ce qui ressemblait à un ballon. Il a acquis une adresse phénoménale. Il a ensuite trouvé des entraîneurs qui l'ont perfectionné. Il consacrait je pense dans sa vie d'enfant et d'adolescent des heures de football par jour."
Sur le terrain, Maradona était un phénomène, un dribbleur insaisissable qui mystifiait toutes les défenses du haut de ses 165 cm grâce à son incroyable habileté. "Il faisait gagner son équipe à lui tout seul. Les joueurs capables de le faire sont rares et il avait un physique très fort qu'il avait développé avec un préparateur physique au prix de longues courses durant sa jeunesse."
La main de Dieu
Avec l'Albiceleste, Maradona fut champion du monde en 1986 à la tête d'une équipe argentine qu'il porta à bout de bras jusqu'au sacre dans le stade Aztèque de Mexico.
L'un des buts qui résume le mieux son talent est celui qu'il marqua contre les Anglais, dans le même match que celui de la "main de Dieu": il passa en revue toute la défense en partant du milieu du terrain pour donner à l'Argentine une victoire hautement symbolique, quatre ans après la Guerre des Malouines. "Un grand moment" pour Guy Roux qui n'a oublié ce famaux but illégal, et le deuxième but qui ont fait entrer Maradona dans la légende. L'ex-entraîneur de l'AJA était présent au stade pour voir le match.
"En me déplaçant dans les coupes du monde, j'ai eu la chance de le voir jouer en 1986. J'étais au match contre l'Angleterre avec la fameuse "main de dieu". Il a sauté plus haut que le gardien de but et a smashé la balle dans les buts. Et l'arbitre qui devait avoir le soleil dans les yeux ne l'a pas vu. Cela a été un scandale mais pour l'oublier, quatre minutes plus tard, il a dribblé huit anglais de suite, y compris le gardien, et a marqué le but vainqueur. Il a dribblé les anglais comme si c'était un concours de jeune footballeur avec des quilles."
Guy Roux a eu l'occasion de le voir jouer aussi en Italie. "J'étais aussi en Italie à Naples lorsqu'il a joué contre l'Italie, un match fantastique aussi." Malgré sa taille, selon Guy Roux, c'était un bonheur de le regarder jouer. "Il fait partie des gens qui jouent au football en inventant des choses. Il n'y en a pas beaucoup. "
La déchéance à Naples
Après avoir goûté à la drogue dans les quartiers chauds de Barcelone, l'accoutumance de Maradona n'a pas faiblit pendant ses années de gloire à Naples (1984-1991). En Italie, il paya cher une célébrité qu'il ne sut jamais gérer. "A Naples, sa carrière a glissé. Il a été pris par les gens de la drogue. On l'a entraîné sur ce chemin et il s'est laissé entrainé trop loin. Il a fait quelques excès. Il n'a pas eu la vie rectiligne comme Platini ou Cruyff. "
Une icône en Argentine
Malgré tous ses excès, il est resté aux yeux des Argentins un demi-dieu. "Il avait des qualités de joueur exceptionnelles, plus un amour du jeu incroyable et la culture footbalistique des argentins. Les Argentins sont tous footballeurs. La preuve, c'est que le chef d'état vient de décréter trois jours de deuil national. Il meurt de manière prématurée, 60 ans c'est jeune. Mais on ne reproche pas à Mozart d'être mort tôt. Il en avait assez fait avant. Pour Maradona, c'est un peu pareil."