Pierre Monnoir, lanceur d'alerte dans l'affaire des disparues de l'Yonne, quitte la présidence de l'Adavirs 89. L'homme est visé par trois plaintes contre lui pour des faits de harcèlement par des membres de l'association.
Pierre Monnoir n'est plus le président de l'Adavirs (Association départementale d'aide aux victimes d'infractions et à la réinsertion sociale) de l'Yonne. Il a quitté ses fonctions le 31 août dernier, après avoir officialisé sa demande le 22 août, comme le signalent nos confrères de l'Yonne républicaine.
L'homme est aussi le lanceur d'alerte de l'affaire des disparues de l'Yonne, qu'il a contribué à faire émerger dans les années 90. "J'arrête pour des raisons personnelles, et parce que j'approche les 70 ans", justifie-t-il auprès de France 3.
Trois plaintes déposées contre l'ancien président
Mais Pierre Monnoir est concerné dans le même temps par trois plaintes déposées par des membres de l'Adavirs. Le procureur de la République d'Auxerre, Hugues de Phily, dit avoir reçu un courrier mettant en cause le management de l'association au printemps.
Nous avons ouvert une enquête suite à celui-ci. Plusieurs salariés et bénévoles de l'association ont été entendus. Trois plaintes ont finalement été déposées.
Hugues de Phily, procureur d'Auxerre
Le magistrat dit ensuite "avoir sollicité le parquet général, pour qu'il transmette le dossier" à une autre juridiction. L'Adavirs, chargée d'accompagner les victimes, travaille en effet régulièrement avec le tribunal d'Auxerre. L'affaire est désormais prise en charge par celui de Fontainebleau. Le magistrat ne souhaite pas s'exprimer sur la suite de l'enquête, "n'en ayant plus la compétence". Contactée, la nouvelle présidente de l'association, Marie-Thérèse Messiaen, n'a pas répondu à nos sollicitations.
Une plainte déjà déposée en 2019
"Il joue sur sa réputation de lanceur d'alerte", estime Christine Burtin-Lauthe, présidente de l'association Uniesvers'elles, basée à Tonnerre. Elle a été membre du conseil d'administration de l'Adavirs entre 2010 et 2019, après avoir démissionné de la structure. Elle souligne avoir eu connaissance de "comportements excessifs" de la part de l'intéressé. Elle signale qu'une plainte avait déjà été déposée en 2019 pour des faits similaires par une salariée de l'association. L'affaire a été classée sans suite. Une plainte avait également été déposée contre la personne concernée pour des faits d'abus de confiance. Elle a été relaxée pour ces faits. Un appel est en cours.
Les éléments reprochés concernent à la fois des faits de harcèlement moral et de harcèlement sexuel. L'intéressé précise quant à lui "être très serein" sur ce qu'il "peut ne pas avoir fait", et dit avoir reçu des pressions, notamment suite à la sortie du documentaire La conspiration du silence, diffusé sur France 3. "Il faut bien que l'on me discrédite [...] Je ne me tairais pas, notamment en tant que président de l'Association des handicapés de l'Yonne".
Les faits seront désormais instruits par le tribunal de Fontainebleau, en Seine-et-Marne.