Deux gendarmes, suspendus de leurs fonctions, sont poursuivis pour harcèlement sexuel aggravé contre une jeune collègue de la brigade de Joigny. La justice rend sa décision mardi 5 avril 2016.
Que reproche-t-on aux deux gendarmes ?
Lors de l'audience devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le 2 février 2016, le parquet avait requis un an de prison avec sursis pour les deux hommes, assortie d'une interdiction définitive d'exercer pour le maréchal des logis Ludovic F., 37 ans, et de 5 ans pour l'adjudant Julien G., 38 ans."On va vous dire que c'est un milieu viril, il y a des plaisanteries grasses, il faut que les femmes s'en accommodent. Mais, il y a une limite. Il faut que les femmes, qui représentent 16% des effectifs de la gendarmerie, puissent trouver leur place", avait dit la procureure. "Ce n'est pas parce que ce sont des paroles que ce n'est pas grave", avait-elle précisé.
"Ça te dit un plan à trois ?"
Marie (prénom modifié), 26 ans, était venue, en uniforme, témoigner à la barre. Elle avait raconté les remarques à n'en plus finir sur ses "rustines", c'est-à-dire ses seins. Elle avait expliqué comment elle avait été harcelée par ces deux gradés de la brigade de Joigny, où elle a travaillé d'octobre 2012 à novembre 2013. "Ça te dit un plan à trois ?" dans une voiture de patrouille aux sièges tachés de sperme; "Fais-moi une pipe"; "Les Réunionnaises, elles sont chaudes, montre-moi ce que tu sais faire". Sans compter des "gémissements" sur son passage, ou un geste obscène mimé avec une matraque... "C'était normal, c'était habituel", avait dit la jeune femme, qui travaille désormais en Région parisienne.Quelle peine risquent les deux gradés ?
L’avocat de la jeune gendarme a demandé 55 000 euros de dommages et intérêts. De son côté, l'Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), qui s’est portée partie civile, a réclamé une peine "pédagogique" et "exemplaire".Les deux gendarmes, fils de gendarmes, ont expliqué qu'ils n'avaient pas "l'intention de nuire". Ils ont évoqué des "dérapages" ou des "échanges" de "mauvais goût" avec leur subordonnée. Leurs arguments n’ont pas convaincu la présidente qui leur a demandé : "Votre colonel aussi, vous lui parlez de son cul ?".