Pas question de déroger à la tradition du 1er mai pour la fête internationale du travail ! Malgré le confinement, les syndicats lancent un appel unitaire pour la défense des droits des salariés. Les réseaux sociaux sont mis à contribution. Sans compter des manifestations " au balcon" !
Alors que la rue est traditionnellement le lieu d'expression des syndicats lors de la journée internationale du travail du 1er mai, il a fallu en cette année 2020 frappée par la pandémie du Covid-19, trouver d'autres modes d'expression. C'est donc vers une version inédite de lutte, version 2.0 via les réseaux sociaux, que la parole des travailleurs se fera entendre. Dans les quatre départements bretons, des appels unitaires à manifester sur la toile ont été lancés.
Communiqué intersyndical du 1er MAI 2020.
Dès 10h, la toile va s'animer pour manifester sur les réseaux sociaux !
Chaque syndicat a créé pour ses comptes Twitter, son propre hashtag et son slogan pour permettre aux salariés de s'exprimer :
Même confiné.e.s, manifestons toutes et tous le 1er-Mai, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux (...) et donnons à cette journée une véritable force collective ! pic.twitter.com/sQMgkhLCuu
— La CGT (@lacgtcommunique) April 20, 2020
#1maiCGT avec le slogan "transformons le monde demain" pour la FSU #OnNeVaPasSeDéfiler
Le 1er Mai #OnNeVaPasSeDéfiler ! Un 1er mai confiné ne veut pas dire un 1er mai déserté. Ne manquons pas de rappeler la nécessité du Service Public à ceux qui voulaient le démanteler. Pour participer à cet évènement FSU, c'est ici : https://t.co/bPxGawg1jM pic.twitter.com/wam7erp1uo
— FSU (@FsuNationale) April 29, 2020
Sur les pages facebook de la CGT d'Ille-et-Vilaine et de FO, dès 10 h 00 ce 1er mai, des vidéos seront mises en ligne avec des messages enregistrés, comme celui de Fabrice Le Restif (secrétaire départemental FO 35) .
De son côté, la CGT Bretagne a enregistré un texte lu par 16 salariés de différents secteurs de la fonction publique et de retraités, pour qu'ils adressent en direct leur message au plus grand nombre et que la vidéo soit partagée sur la toile.
Chacun est invité à fabriquer banderoles et affiches afin de manifester à domicile ou depuis son balcon. Ou bien encore pour marquer un peu le territoire en extérieur.
À Rennes, Sud PTT a même pris l'initiative d'adresser une déclaration de manifestation à la Préfecture, fixée à 11h, qui est restée lettre morte.
Déclaration de manifestation 1 mai 2020 Sud PTT 35
Paroles de syndiqués et de manifestants
Joël Mariteau est professeur d'histoire-géographie au Lycée Freyssinet de Saint-Brieuc. Adhérent du Snes FSU, il veut être présent symboliquement cette année pour le 1er Mai.
#UnPremierMaiCommeJamais parce que c’est la journée des droits du travail, que la crise et le confinement renforcent sa symbolique : faisons entendre les revendications des salarié·es par tous les moyens : aux fenêtres, sur les réseaux sociaux… car #OnNeVaPasSeDéfiler ! pic.twitter.com/OcFZuTZwrV
— Joël Mariteau (@James_Tib_Kirk) April 28, 2020
Enseignants : défendre nos acquis collectifs !
"Il faut rappeler collectivement que nous ne renonçons pas aux droits sociaux des travailleurs. C'est une journée inter-catégorielle, qui n'est pas spécifique à l'éducation, même si on se pose des questions sur les conditions dans lesquelles les enseignants reprendront les cours." Il se dit inquiet des propositions du Medef, favorable à l'allongement du temps de travail et craint que la crise sanitaire ne remette en cause certains acquis.
Routiers : obtenir de la reconnaissance !
Kévin Téolan est chauffeur routier ( CGT). Il habite à Rennes mais part à la semaine avec son 44 tonnes pour des livraisons sur toute la France. "Si j'avais manifesté, j'aurais mis en avant mes conditions de travail et la reconnaissance de l'image de ma profession!" dit-il.
"Même si en ce moment avec la crise du Covid-19, les gens disent que nous avons un métier utile et difficile, je pense que cela ne va pas durer. Sur la route, on est mal aimé, on est trop lent, on gêne les automobilistes, ils ne nous aiment pas ! Quant au salaire, il faut savoir que nous gagnons le SMIC. S'il y a des plus sur la fiche de paie, c'est grâce à nos heures supplémentaires. Des heures où l'on est loin de chez nous, loin de nos familles !"
Postiers : Attention aux conditions de travail !
Guillaume Faligot (Sud Solidaires PTT) travaille de nuit sur la plateforme de colis du Rheu, près de Rennes. Le site n'a jamais été à l'arrêt. Le 30 avril et le 1er mai, Guillaume sera sur le site. Une journée symbolique pour évoquer les conditions de travail dans l'entreprise.
Il explique : "D'habitude, on ne travaille jamais la veille d'un jour férié en équipe de nuit ! Mais depuis le confinement, il y a eu des réorganisations de cycle et des horaires de travail ! La direction utilise les ordonnances Macron du projet de loi sur l'état d'urgence sanitaire. En ce moment, la plateforme tourne à plein régime. Le trafic des colis est équivalent à la période de Noël ! Avec près de 30 % des salariés absents pour cause d'arrêt maladie, la direction a fait appel à de la sous-traitance et à des intérimaires ! Demain, on sera peut-être incité à faire des heures supplémentaires ! "
Fonctionnaires : "Défendre un service pubic fort !"
Marc Corbel (CGT) est fonctionnaire territorial. Il est gardien d'une déchetterie à Morlaix. Il a ressorti ses drapeaux, ses autocollants et la sono, dont il la charge lors des manifestations syndicales. Tout sera installé sur sa terrasse le 1er mai pour faire retentir "la Marseillaise".
Prêt à reprendre le travail dès que possible, cet agent sait qu'il pourra être appelé à donner un coup de main dans d'autres services de la ville, pour faciliter le redémarrage de l'activité : une priorité pour ce fonctionnaire qui a le sens de sa mission. "C'est pour ça que je manifeste ! il faut défendre un service public fort et la reconnaissance du rôle de ces agents. On a un message à faire passer pour inverser l'image qu'ont les gens des personnels de la fonction publique !"
Sud Solidaire avait organisé de son côté une manifestation dans le Centre-Ville.
Pour la première fois, des Gilets Jaunes étaient également descendus dans la rue, comme à St Brieuc, où ils étaient près de 300.