C'est dans le Morbihan que François Bayrou organise en ce moment les 5èmes universités de rentrée de son parti. Face à lui, des militants un peu déboussolés et qui attendent un cap.
Les militants du MoDem, partagés entre les partisans d'une alliance avec l'UDI de Jean-Louis Borloo, ceux qui penchent à gauche et ceux qui prônent une ligne d'indépendance, attendent un cap de leur leader François Bayrou. Ils sont conscients que le parti centriste joue aujourd'hui son avenir. Réunis par petits groupes dans les allées d'un club de vacances du Morbihan qui accueille les 5èmes universités de rentrée du MoDem, les militants du parti débattent de son avenir, oscillant entre perplexité et attente.
"Le centre n'existera que s'il est uni. Il faut pour cela engager un vrai dialogue avec l'UDI. Je préfère un centre qui existe à un centre indépendant mais mort", tranche une élue parisienne. "L'alliance au centre est naturelle", abonde Denis Barbet-Massin, 65 ans, membre du bureau de Paris du MoDem, adhérent depuis 2009, en fustigeant l'attitude de Martine Aubry qui a mis une jeune candidate PS face à François Bayrou aux législatives en l'éliminant de l'Assemblée nationale, alors que le leader centriste s'était prononcé pour François Hollande.
"Il y a aujourd'hui une vraie scission au sein du MoDem et ce qui nous divise me semble plus fort que ce qui nous rassemble", déplore Rosalie Kerdo, 44 ans, présidente du MoDem de la Drôme et membre du bureau exécutif. Ancienne militante socialiste séduite par la démarche d'indépendance de François Bayrou, elle appelle aujourd'hui à tirer les conséquences des échecs électoraux du parti. "Les Français ne comprennent plus rien à notre ligne politique. Si on continue à se gargariser avec l'idée d'indépendance sans tenir compte des réalités, on finira en think tank", prédit-elle. Tentée par l'UDI mais inquiète "des dérives d'un Jean-François Copé", elle attend de Jean-Louis Borloo des assurances que le centre-droit ne pactisera pas avec une UMP qui regarderait vers le FN.
Favorable au maintien d'un cap d'indépendance, Anne Morin, enseignante de 40 ans au MoDem depuis 2007, reconnaît la difficulté de ce positionnement dans les institutions de la Ve République favorisant la bipolarisation. Elle souhaite cependant que son parti garde ce cap en misant sur "une évolution des mentalités" et l'instauration de la proportionnelle. "On est confronté à un paradoxe entre notre éthique de conviction qui nous pousse vers l'indépendance mais ne nous donne pas d'élus et une éthique de responsabilité", résume Jean-François Martins, 30 ans, conseiller de Paris et ancien directeur de la communication du MoDem. L'élu parisien appelle, lui aussi, le dirigeant centriste à fixer un cap clair à son parti, quelles qu'en soient les conséquences, mais sans trop y croire. "Si on ne fait pas de choix, on va vivoter jusqu'à notre mort. Si on tranche, il y aura des départs. Mais je ne suis pas sûr que François soit prêt à cela", lâche-t-il.
(source : AFP)