Plus de 200 manifestants pro et anti adoption par des couples homosexuels se sont retrouvés face à face dans la rue à Brest. D'autres manifestations ont eu lieu à Rennes, St Brieuc et à Vannes.
Tee-shirts roses pour les mamans et verts pour les papas... Comme dans 75 villes en France, l’association Alliance Vita a organisé une manifestation pour protester contre le mariage homosexuel, et l’adoption d’enfants par des couples du même sexe.
A Brest, ils étaient vers midi 120 à défendre leur conception de la famille. Dans un deuxième temps, ils ont été rejoints par des contre-manifestants. A l’appel du Mouvement des jeunes socialistes, les "pro mariage homos" se sont invités dans la manifestation. Ils étaient une centaine également : étudiants, féministes, homosexuels et membres de partis politiques de gauche comme Europe Ecologie - les Verts, le Nouveau Parti Anticapitaliste, le PC.
Des échanges cordiaux ont eu lien entre les pro et les anti, sur le mode "c'est naturel d'avoir un papa et une maman" ou "vous avez une vision passéiste de la famille". (Voir le reportage° Chacun est resté sur ses positions.
Selon Ouest France, la manifestation d'Alliance Vita a réuni 400 personnes à Rennes. Elles étaient aussi une centaine à Vannes.
Aberration pour les uns, accès à l'égalité pour les autres
L'ouverture au mariage et à l'adoption pour les couples de même sexe déclenche des débats parfois violents.
Voici les principaux arguments.
- L'égalité des droits avec les hétéros
C'est le premier argument des associations homosexuelles, Elles jugent aussi nécessaire de sortir les familles homoparentales d'un vide juridique. Ces couples doivent donc pouvoir avoir des enfants: adoption, reconnaissance d'un enfant par deux personnes de même sexe (même non mariées), mais aussi procréation médicalement assistée (PMA) ou gestation pour autrui (GPA). Seule l'adoption est envisagée. L'ouverture de la PMA pourrait faire l'objet d'amendements du PS au projet de loi.
- Les enfants élevés par des couples de même sexe vont bien
Des études ont tenté de savoir comment vont les enfants ayant grandi dans une famille homoparentale. Mais elles ne portent que sur quelques dizaines d'enfants maximum et ont parfois été menées par des chercheurs proches d'associations homosexuelles. Selon ces études, rien ne permet de dire que ces enfants vont mieux ou moins bien que les autres, c'est ce que retiennent les partisans du mariage et de l'adoption tandis que les opposants affirment que ces études sont biaisées et ne prouvent rien.
- Le mariage est fondé sur l'idée de procréation
Argument majeur des Églises. Mais de fait et en droit (la loi ne distingue plus enfants "naturels" et "légitimes"), mariage et procréation sont déjà dissociés. Les associations homosexuelles appellent donc à aller au bout de la logique en permettant à un couple de même sexe (donc forcément stérile) de se marier.
- Un enfant a besoin d'un père et d'une mère
C'est l'argument numéro un des opposants, que ce soit les Églises, la droite, le Front national ou certaines associations de personnes adoptées. Selon eux, un enfant ne peut se construire normalement qu'avec des parents de sexes différents, qui constituent des repères essentiels. Certains psychiatres partagent cette crainte, d'autres soulignent que l'enfant peut avoir d'autres repères sexués que ses parents (amis, oncles et tantes).
- C'est la porte ouverte à la gestation pour autrui (GPA), à l'inceste...
Pour les opposants, le projet a comme conséquence la légalisation des "mères porteuses", à laquelle François Hollande est opposé. D'autres évoquent pêle-mêle polygamie ou inceste.
La présentation en Conseil des ministre du projet de loi sur le mariage et l'adoption par les couples homosexuels, qui était prévue le 31 octobre, est reportée au 7 novembre.