Les bâtiments recevant du public doivent se mettre en conformité avec de nouvelles normes en terme d'accessibilité notamment pour les personnes handicapées d'ici 2015. Les nouvelles constructions en tiennent compte.
La semaine dernière, rennes accueillait le salon Artibat à destination des professionnels du bâtiment. Le salon a mis en avant cette année deux thèmes forts: le bâti performant et accessible. En effet, d'ici 2015, la loi prévoit que les établissements recevant du public doivent se mettre en conformité avec de nouvelles normes d'accessibilité, pas seulement pour les personnes handicapées mais aussi pour les personnes âgées par exemple. Plus largement, toutes les nouvelles constructions doivent donc en tenir compte que ce soit des bâtiments recevant du public, des bâtiments d'habitation collective ou des maisons individuelles destinées à la vente ou à la location.
Dans le nouveau quartier de la Courrouze à Rennes, tout est accessible. Les surfaces des appartements ont augmenté pour permettre le passage d'un fauteuil roulant et les accès ont été adaptés. "Les contraintes, c'est de pouvoir accéder à son logement depuis le trottoir dans les meilleures conditions. Ca veut dire des rampes d'accès, des portes automatiques, des rayons de giration plus importants dans les couloirs", précise Thomas Duke, directeur marketing du bailleur social l'Aiguillon.
Et aujourd'hui, la télécommande facilite la vie d'Alexandra qui vient d'emménager dans un appartement du quartier. Avec cet outil, elle peut actionner la porte-fenêtre, la porte d'entrée ou les volants roulants. Chez elle, les surfaces des sanitaires et des couloirs sont plus larges, les portes coulissantes et dans la cuisine, le plan de travail est réglable en hauteur.
Le reportage de Catherine Carlier et Christophe Rousseau:
Une obligation qui ne pourra pas être tenue selon un rapport public
Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), du Conseil général de l'environnement et du développement durable et du Contrôle général économique et financier, a été rendu public en septembre dernier. Selon ce rapport, l'accessibilité aux personnes handicapées des établissements publics ne sera pas au rendez-vous d'ici 2015. Il se prononce donc pour un maintien de l'échéance mais en révisant à la baisse les exigences.Les associations le clamaient depuis des mois et ce constat est désormais écrit noir sur blanc. Les auteurs jugent l'objectif "impossible dans le contexte économique et budgétaire
actuel", compte tenu de "l'ampleur des travaux à réaliser". A moins de trois ans de l'échéance, seuls environ 15% des établissements recevant du public sont aujourd'hui accessibles, précisent-ils.
"Le constat est affligeant" pour le président de l'Association des paralysés de France (APF), Jean-Marie Barbier. Pour les auteurs du rapport, il est "hautement souhaitable" de conserver l'échéance de 2015", qui "permet de maintenir la pression sur tous les acteurs", mais en définissant "un objectif d'accessibilité intermédiaire pour 2015". Par exemple, pour les cafés et restaurants existants, ils estiment "essentiel de trouver des solutions adaptées": "plutôt accepter une pente plus raide à la place de deux marches que rechercher une application stricte de la norme et aboutir en pratique à une dérogation", écrivent-ils.
De même, les mairies et les services de l'Etat pourraient, selon eux, "rendre accessibles leurs guichet, remettant à plus tard, par exemple, l'accessibilité de certaines salles de réunion".
Satisfait que le rapport prône le maintien de 2015 comme date-butoir, Arnaud de Broca, secrétaire général de la Fnath, association des accidentés de la vie, juge aussi plus réaliste de "revoir un certain nombre d'exigences". Mais, s'inquiète-t-il, "si on part sur un rééchelonnement des travaux, il faut des garanties sur leur réalisation".
A l'inverse, l'APF craint un "retour en arrière": le rapport propose de définir ce qui doit être rendu accessible en priorité. Or, "un bâtiment doit être accessible dans son intégralité, sinon il n'est pas accessible", juge l'association. "Ce qu'il faut, c'est décider comment on va s'y prendre pour mettre le turbo d'ici à 2015", estime Jean-Marie Barbier.