Six mois avec sursis requis contre le maire du Mont-Saint-Michel pour prise illégale d'intérêt

Le parquet a réclamé six mois de prison avec sursis mercredi à Coutances à l'encontre d'Eric Vannier, maire du Mont-Saint-Michel et patron des établissements Mère Poulard, en présence de son rival politique et commercial, Patrick Gaulois, qui l'accuse de "prise illégale d'intérêt" sur le rocher,

Le parquet a réclamé six mois de prison avec sursis à l'encontre du maire du Mont-Saint-Michel, en présence de son rival politique et commercial, Patrick Gaulois, qui l'accuse de "prise illégale d'intérêt" sur le rocher. Le procureur de la République à Coutances a aussi demandé 30.000 euros d'amende à l'encontre de M. Vannier, qui a tenté dans la matinée de convaincre les juges qu'il avait toujours défendu l'intérêt général, sous l'oeil attentif de son rival. L'avocat de M. Vannier, Me Richard Valeanu, a estimé que les réquisitions étaient "extrêmement lourdes". 

Eric Vannier, 60 ans, sans étiquette, est soupçonné d'avoir usé de son statut d'élu pour faire en sorte que le point de départ des navettes, qui depuis le 28 avril 2012 transportent les touristes de la côte au mont, se trouve devant ses établissements.

"J'ai vraiment défendu comme je l'ai toujours fait l'intérêt général", avec l'objectif "d'améliorer l'image du Mont", a martelé M. Vannier très volubile. M. Vannier est maire du Mont-Saint-Michel depuis 1983 - à l'exception d'une interruption entre 2001 et 2008 - et y exploite une trentaine de commerces (80% sur le rocher et 20% sur la côte) pour 29 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. Le procès fait suite à une plainte de M. Gaulois, 60 ans également, maire de 2001 à 2008, propriétaire de plusieurs établissements sur le rocher, partie civile avec son épouse.

Les deux rivaux se sont à peine regardés. La tension entre eux était palpable même si les débats sont restés courtois. Et la salle d'audience était quasi déserte, hormis les protagonistes et les journalistes.


De quoi est-il question à travers ce procès?
En filigrane du procès, le projet de retour à l'insularité du mont et la mise en place de navettes entre la côte et le célèbre site touristique ont longuement été évoqués devant les juges. Le syndicat mixte du Mont-Saint-Michel, qui gère le projet, a choisi le 6 octobre 2009 de faire partir les navettes de la côte, à un endroit où se trouvent deux commerces de M. Vannier, plutôt que du parking où les touristes doivent se garer, à 900 mètres de là dans les terres, obligeant ces derniers à marcher.
Cette décision a "une incidence directe sur ses commerces" et "dès lors, M. Vannier n'aurait jamais dû participer à l'élaboration de cet acte", a argumenté le procureur de la République, Renaud Gaudeul, dans son réquisitoire. Un choix que le président PS du syndicat mixte Laurent Beauvais a longtemps défendu par la volonté de maintenir les tarifs de l'accès au Mont-Saint-Michel à un niveau "raisonnable". 

Des discussions toujours en cours

Mais face à la polémique suscitée par la marche imposée aux touristes, M. Beauvais qui préside aussi la région Basse-Normandie a annoncé fin octobre qu'il allait négocier avec Veolia, à qui le transport des touristes a été confié, pour rapprocher le point de départ des navettes du parking, la saison prochaine.
Les discussions sont toujours en cours.

En fin de matinée "les nombreuses actions" de la part de M. Vannier pour, selon le parquet, promouvoir le départ des navettes de la côte n'avaient encore été que peu abordées. M. Vannier fait partie du syndicat mixte comme maire, et il a participé au vote du 6 octobre 2009. Mais auparavant il a envoyé "des courriers à l'en-tête de la mairie du Mont-Saint-Michel à diverses personnalités et notamment à des membres du syndicat mixte ayant pris ensuite part au vote", selon la citation. M. Vannier a notamment écrit au président de la République de l'époque Nicolas Sarkozy, en 2008. 

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