Dans le Golfe du Morbihan, certaines espèces de poisson se féminisent. Un constat alarmant dressé au fil des années par des scientifiques de l’UBS. La faute incomberait aux perturbateurs endocriniens, comme le Bisphenol A, notamment accusés de dérégler la sécrétion d’hormones.
La France vient d'interdire le bisphénol A dans les contenants alimentaires, dès le 1er janvier 2013 pour ceux destinés aux bébés et début 2015 pour les autres. Des associations de consommateurs vont plus loin en réclamant leur interdiction complète à commencer dans tout le matériel de puériculture, notamment les jouets. D'autres perturbateurs endocriniens comme les phtalates, nous entourent.
124 molécules néfastes pour la santé
Selon l’Organisation mondiale de la santé, « les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants».
En 2001, la commission des communautés européennes citait au moins 124 substances fortement suspectées d’effets néfastes sur la santé.
A l’état naturel, on trouve par exemple ces molécules dans le musc utilisé dans la composition de parfums ou dans le soja, (phyto-oestrogènes dont la structure est proche de celle de l’oestradiol, l’une des hormones féminines majeures).
A l’état artificiel, on retrouve ces substances dans les plastiques, les cosmétiques (phtalates), dans certains détergents, pesticides, dans la fumée de cigarette et certains meubles.
Du fait de leurs natures très variées, elles peuvent donc se trouver dans l’air, l’eau et les aliments.
A Vannes, un laboratoire travaille depuis plus de 15 ans sur a détection de ces molécules dans les contenants et les emballages alimentaires. De plus en plus d'industriels font appel à lui pour vérifier, par exemple, si des films plastiques étirables en contiennent ou pas.
Les Bisphénols A sont interdits en France pour les films plastiques, l'usine d'emballage de Bolloré près de Quimper a même fait une spécialité: des films exempts de tout perturbateurs endoctriniens. Il n'empêche, les bisphenols A sont toujours tolérés pour les produits d'importation.
reportage: Hélène Pedech, Christophe Rousseau
Responsables de cancers, de stérilité, d’obésité
En juillet 2009, l’Inca (Institut national du Cancer) a publié un article dans lequel elle synthétise les effets nocifs pour la santé. Tous ont été vérifiés par des études épidémiologiques. Cet article relève notamment un lien évident entre une exposition prolongée à certains phtalates et l’apparition de tumeurs du foie et du testicule. D’autres cancers hormonodépendants comme celui du sein, de la prostate et de l’ovaire pourraient également être associés à des perturbateurs endocriniens.
Plus récemment, des chercheurs de l’Inserm et du CNRS à Montpellier ont mis en évidence des effets néfastes du bisphénol A (présent jusqu’en janvier 2013 dans les biberons notamment) sur la reproduction, le développement et le métabolisme d’animaux de laboratoire. Effets fortement suspectés d’avoir les mêmes conséquences sur l’homme.
La réglementation
En octobre 2008, le Canada a été le premier pays au monde à interdire le Bisphénol A dans les biberons. Deux ans après, en 2010, la France les a interdits à son tour. Interdiction effective depuis ce 1er janvier 2013. Elle concernera tous les perturbateurs endocriniens pour l’ensemble des contenants alimentaires en 2015.
La France suit en cela le Règlement européen REACH qui concerne l’utilisation des substances chimiques. Il a été mis en oeuvre en 2007.
En Bretagne, particulièrement concernée compte tenu du poids de l’industrie agro-alimentaire, l’interdiction progressive des perturbateurs endocriniens (phtataltes présents dans certains emballages alimentaires en plastique et Bisphénol A que l’on retrouve dans certaines boîtes de conserve) est diversement anticipée.