Cesson, qui accueille Montpellier en D1 de handball pour la première fois depuis le match entre les deux équipes, il y a près d'un an, à l'origine de l'affaire des paris suspects, n'a pas oublié cette histoire. Et pour en finir, il faudrait une victoire, ce soir au Liberté à Rennes.
Retour en arrière, le 12 mai 2012. Les Bretons, à la lutte pour le maintien, terrassent à domicile le MAHB (31-28), privé de certains cadres et déjà assuré de son cinquième titre de champion consécutif. En septembre éclate l'affaire qui va secouer le handball français: treize personnes, dont sept joueurs qui évoluaient alors à Montpellier, parmi lesquels la star Nikola Karabatic, auraient parié pour un total de 88.000 euros sur le fait que le MAHB serait mené à la mi-temps. Ce qui fut le cas (12-15). Elles seront mises en examen pour escroquerie et/ou complicité d'escroquerie présumée au préjudice de la Française des Jeux. Le séisme médiatique a également ébranlé Cesson, qui s'est retrouvé en quelque sorte privé de sa victoire. "Les gens lambda pensent que le match a été truqué. Mais s'il l'a été, ce n'est que sur la première mi-temps. Et on a gagné la deuxième (en fait nul 16-16, ndlr), comme on a gagné la première période à Montpellier cette saison (17-16, pour une victoire de Montpellier 35-30, le 29 novembre)", déclare l'entraîneur cessonnais David Christmann. Les joueurs et l'encadrement ont également été perturbés par leur audition, deux jours avant ce match aller, par la police judiciaire de Nanterre. "Et j'ai été reconvoqué le 19 décembre, jour du match à Ivry ! Ce sont des choses qui marquent. Ce ne sont pas les joueurs de Cesson qui ont parié, mais ceux de Montpellier. Qu'ils soient embêtés, c'est normal. Mais que nous l'ayons été et le soyons encore, alors que nous avons juste joué Montpellier, ça m'embête", lâche Christmann."Protéger le groupe"
"On a été encore plus affecté que ne peuvent le penser les gens, l'entourage du club de Montpellier, la LNH (Ligue nationale de handball, ndlr)", ajoute-t-il. Le préjudice est aussi financier pour un club qui affiche un budget serré de 1,8 million d'euros, puisqu'un parraineur, qui devait apporter 30.000 euros, s'est retiré lorsque l'affaire a éclaté.
"Et certains partenaires n'ont pas voulu renouveler, alors que d'habitude on avait un taux de renouvellement de quasiment 100%, et un nombre de partenaires qui augmentait
tous les ans. Certains de ceux qui n'ont pas renouvelé nous disent que désormais Cesson a une mauvaise image", explique le président Philippe Barberet. "Le passage en fin de saison devant la CNACG (Commission nationale d'aide et de contrôle de gestion, Ndlr) s'annonce un peu plus difficile", poursuit-il. Le club, qui a voulu se constituer partie civile mais s'est heurté à un refus du magistrat instructeur (Cesson a fait appel), souhaite tourner la page en empochant une victoire incontestable, samedi à Rennes, où le match a été délocalisé... comme l'an passé.
"On a envie de montrer que la victoire de l'année dernière n'était pas volée en faisant un gros match", déclare le pivot Igor Anic, arrivé à l'intersaison, comme près de la moitié de l'effectif actuel. L'autre joueur envoyé devant la presse jeudi, l'arrière droit Yann Polydore, n'était pas là non plus en mai. "On l'a fait un peu exprès, parce qu'il faut aussi protéger le groupe", reconnaît Christmann.