Créé fin 2012, le comité de soutien aux salariés de PSA souhaite interpeller le territoire sur l’avenir de La Janais. Peu nombreux, ses membres se cherchent encore une capacité d’action. Entre syndicats et politique, difficile de se faire une place sur le terrain de la mobilisation.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Pour l’instant, ils sont une poignée à y croire. Oui, PSA La Janais a un avenir. Oui, les emplois annoncés comme condamnés peuvent être sauvegardés. Depuis plus de quatre mois, ces « irréductibles », pour la grande majorité non-salariés à PSA, ont décidé de faire plus qu’y croire. Regroupés dans un comité de soutien (CDS), ils souhaitent accompagner les salariés de l’entreprise – et plus largement ceux de l’industrie automobile - dans leur combat.

Le comité de soutien est né des assemblées citoyennes du Front de Gauche organisées le 6 décembre dernier à Chartres-de-Bretagne. L’événement attire de nombreux élus de Chartres-de-Bretagne, Bruz ou Pont-Péan mais aussi des retraités de PSA. « L’idée était de provoquer le débat », se rappelle Michel Demolder, conseiller municipal PC à Pont-Péan et membre du CDS.

Les raisons d’un soutien

« La question de la solidarité avec PSA se posait d’emblée », poursuit l’élu. La première raison du soutien, c’est la volonté de s’opposer à ces « licenciements boursiers ». Et ainsi venir en appui des salariés. Comme la CGT, le collectif citoyen s’oppose au plan de sauvegarde de l’emploi, persuadé que l’industrie automobile a un avenir à Rennes. Et comme le syndicat, il dit « non » à la réindustrialisation.

Une position renforcée par le poids économique de PSA dans la région. « 1400 emplois de moins à La Janais supprimeront plus de 4000 emplois chez les sous-traitants de PSA », peut-on lire sur les tracts distribués par le CDS. Une manière de dire que l’avenir de PSA dépasse de loin la seule situation des salariés du groupe automobile.

L’occasion, aussi, de rappeler aux habitants l’importance de PSA dans la vie quotidienne, au-delà des chiffres. Sylvie Larue, membre du CDS et du Fase 35 témoigne : « Je suis enseignante et ça me concerne. Dans ma classe, certains enfants ont des parents qui travaillent à PSA. » Un argument reçu cinq sur cinq par Mickaël Gallais. Le délégué CGT à La Janais, lui aussi membre du comité, assure que l’attachement l’entreprise, bien qu’en baisse, est plus visible à l’extérieur des murs de l’usine. « Dans le département, la plupart des personnes connaissent des salariés de l’entreprise. », commente Michel Demolder. Lui-même connaît l’histoire de PSA et son impact sur le territoire. L’élu avoue sans mal que c’est une autre des raisons de la mobilisation citoyenne : « Il y a un comité de soutien parce que c’est PSA. Si ça avait été la boulangerie du coin… »

« Sonner l’alarme »

En ordre de marche depuis mi-janvier, le CDS – aujourd’hui sans structure - poursuit les missions qu’il s’est donné fin 2012. Michel Demolder explique : « Soutenir, c’est participer aux mobilisations et interpeller les élus du secteur. Notre mission est de sonner l’alarme. » Et de fait, le comité de soutien… soutient. Quelques réunions, irrégulières, réunissent une douzaine de personnes à Chartres-de-Bretagne, ou à Bruz, dans des préfabriqués aux murs jaunis. On y cause tractage, marchés et plan de marche. Trois heures par semaine en moyenne, selon Michel Demolder. La présence de syndiqués CGT de PSA permet aussi l’information sur l’actualité du site et sur l’industrie automobile.
Une seule fois, le comité a sorti ses banderoles : le 11 février, lors de la réunion tripartite décidant de l’avenir du site de La Janais. Les ventes de sandwich jambon-beurre n’ont pas suffi à attirer les badauds. Plusieurs dizaines de militants seulement ont manifesté place de l’Hôtel de ville, à Rennes. Dans l’après-midi, ils étaient un peu plus nombreux à accompagner les salariés de PSA venus manifester devant la préfecture de Bretagne.


En veille forcée

Depuis cette date, l’activité du CDS est plutôt calme. A l’image de ce qui se passe à la Janais. Plongés dans l’incertitude depuis l’annonce des résultats de la réunion tripartite, les salariés ne se font pas entendre. « Un comité de soutien ne peut pas faire les choses à la place des salariés¸ rappelle Michel Demolder. La première mobilisation doit être la leur. » De la Janais, Mickaël Gallais confirme : « Le comité se développera à la même vitesse que la mobilisation interne. » Faute de mieux, le mouvement est en veille forcée.

Un constat que partage l’ensemble des membres du comité de soutien rencontrés. La tentation serait pourtant grande de prendre les devants face à l’inertie rennaise. Exemple lors d’un tractage du CDS devant PSA, auquel participait Michel Demolder : « Des salariés m’ont dit : ‘’J’espère que vous allez faire quelque chose pour nous.’’ Des fois, effectivement, on est dans la délégation. » Faute de mieux, le mouvement est en veille forcée.

« Ils ne sont pas à leur place »

Malgré cette prudence, le comité de soutien s’est attiré les critiques de certains syndicalistes. En cause, le terrain politique sur lequel le CDS veut jouer. Illustration le mardi 20 mars. Ce jour-là, le maire PS de Chartres-de-Bretagne, Philippe Bonnin, proche du comité de soutien, invite les élus du département à parler de l’avenir de l’industrie automobile. Le maire s’exprime un long moment. Jean-Louis Tourenne, président du conseil général d’Ille-et-Vilaine, aussi. Mais alors que Michel Demolder s’apprête à prendre la parole, Michel Bourdon, secrétaire général de la CGT à PSA la Janais, quitte la salle, furieux, lui qui bouillait déjà depuis quelques minutes. Les caméras présentes pour l’occasion le suivent et les regards se détournent du podium.

Habitué à monter au créneau, le syndicaliste s’explique : « Ils ne sont pas à leur place. Ils peuvent se mobiliser tant qu’ils veulent. Je ne compte que sur les salariés de l’usine. » Le combat, Michel Bourdon le veut apolitique et exclusivement porté par les syndicats seulement. Également présent à Chartres-de-Bretagne, Franck Mahy, représentant de l’UNSA à la Janais, s’est montré plus réservé mais d’accord sur le fond : « On aurait eu besoin d’un comité de soutien en juillet ou en septembre derniers, mais là c’est trop tard. Ils auraient eu le mérite d’exister à travers les syndicats. »

La gauche de la gauche

« Bien sûr que c’est une histoire de politique », assume Mickaël Gallais, voyant dans le CDS une mobilisation « complémentaire » des syndicats. « Sur PSA, si le combat n’est pas politique, il n’y a pas d’avenir », renchérit Michel Demolder. Mais ce choix est contesté au sein même de la sphère politique. Certains élus de collectivités territoriales environnantes ne voient pas forcément d’un bon œil l’initiative qui, selon eux, « rétrécit la lutte au lieu de l’élargir ». Ils craignent également une récupération politique de la lutte des salariés qui se montreraient « contre-productive » et appellent à « respecter le rôle des syndicats ».

En cause, surtout, l’appartenance politique des membres du comité de soutien. Principalement des militants de gauche. Michel Demolder l’avoue : « Qui relance ? On va le dire clairement, ce sont les militants du Front de Gauche. » Mickaël Gallais préfère temporiser : « La tendance politique, ce n’est pas le propos. Et ça n’empêche personne d’adhérer. Monsieur Bonnin, par exemple, vient régulièrement à nos réunions. »

« Il suffit d’une étincelle… »

En vrai, le comité de soutien ne cherche pas à dissimuler l’activité de ses membres. Mais le mouvement aimerait bien s’ouvrir à un public plus large. Aujourd’hui, les informations transmises par mail ne touchent qu’un cercle « de 170 à 180 » personnes, selon Michel Demolder. Alors le CDS réfléchit à des moyens d’attirer au-delà de la sphère militante. Un « samedi festif », au ton plus ludique, devrait être organisé prochainement afin d’informer femmes et hommes sur le comité et sur l’avenir de la Janais.

Car le CDS en est sûr, son action, aussi petite soit-elle, a une importance. « Dans un département où jamais personne ne se bouge, si 5 % des gens se mobilisent, c’est énorme, assure Jean Boutin, membre du comité et professeur à Bruz. Ce n’est pas parce les gens ont des comportements passifs qu’ils ne pensent pas. Il suffit de l’étincelle qui fout le feu à la plaine. » Une étincelle que les membres du comité attendent avec impatience. Car outre la sauvegarde des emplois à la Janais, les revendications sont importantes : droit de contrôle des salariés, droit de regard de l’Etat dans les stratégies. « La solution, on la trouve quand on a un pouvoir de décision, assure Jean Boutin. Ce pouvoir, soit on l’obtient légalement, soit on l’obtient en étant des millions dans la rue. » A l’heure actuelle, le comité de soutien a du mal à passer le cap des dizaines. Le temps presse si le mouvement ne veut pas finir mort-né, victime de « l’attentisme » qu’il dénonce.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information