Deux heures de concert à l’énergie... avant tout électrique. A 67 ans, Neil Young aura livré un concert digne de sa légende et séduit ses fans. Quitte à en décevoir quelques uns....
21 h 52. Ça commence par un riff de guitare qui plane, lancinant, sur Keramphuil. Vêtu entièrement de noir, chapeau vissé sur la tête, Neil Young apparaît sur la scène Glenmor. En fond de scène, s'étale, tout en bleu, le logo du groupe : un indien chevauchant un mustang. Et ça démarre. Fort ! "Love and only love" pour un trio de guitares totalement déjanté avec ses vieux comparses Billy Talbot et Franck Sampedro. Du rock, du lourd, pour un premier morceau qui va durer la bagatelle de... 14 minutes !
Du rock, du lourd
Pour sa tournée mondiale, Neil Young a réenfourché son cheval fou. Le Crazy Horse, sa fidèle formation avec laquelle il tourne depuis 1969 ! « Lorsque je joue avec Crazy Horse, je suis vidé physiquement, mais spirituellement, je me sens indestructible », confiait-il à Télérama dans une interview juste après la sortie de l’album Americana.
Lui qui refusait de jouer dans les festivals, il y a encore deux ans, a remis ça d’abord chez lui, aux Etats-Unis. Pour cette tournée 2013, débutée en Australie et en Nouvelle Zélande, le sexagénaire joue son dernier album, Psychedelic Pill, sorti conjointement à son autobiographie. Des morceaux de rock, joués comme à l’instinct, et ingurgités par les 65 000 spectateurs, Déception, toutefois, chez certains : pas de véritable échange avec le public. Le monstre sacré séduit ses fans les plus fidèles, mais en déçoit quelques uns, comme en témoignent les réseaux sociaux.Un instant de frisson lorsque résonne l’harmonica pour l’intro de « Heart of gold ». "Le" tube interplanétaire. Extrait du non-moins mythique album «Harvest », classé en 2003, par le magazine Rolling Stones, 78ème sur les 500 meilleurs albums de tous les temps ! Les briquets et les portables s’allument. La plaine de Keramphuil nous ramène aux ambiances des plus grands festivals des années 70.
Énergique
Mais ceux qui s'attendaient à l'intégrale d'"Harvest" aux Vieilles Charrues seront peut-être restés sur leur faim. Pendant deux heures, Neil Young et ses musiciens livrent une prestation digne de leur légende. C'est du lourd, certes. Mais peut-être un peu trop pour certains. En tout cas, énorme d'énergie pour ce monstre sacré de 67 ans ! Et c’est vrai qu’il le dit lui-même : "mieux vaut cramer d'un coup, que de s'éteindre à petit feu !"
La source de cette énergie ? « Les problèmes de mes enfants (deux fils tétraplégiques) m’ont rendu plus fort. Tout devient combat, mais en même temps, tout devient beaucoup plus intense. On apprécie le moindre fragment de bonheur, la vie, tout ce que la plupart des gens prennent pour un dû » (Interview complète à lire sur Télérama).
"Merci beaucoup"
Alors aurait-on eu tort de prendre pour un dû, le fol espoir de voir Neil Young revisiter aux Vieilles Charrues ses plus grands standards ? A cette question, sur les zincs du festival, et dans les bistrots de Carhaix, chacun pourra y aller de son propre avis. Un verre à moitié vide ou un verre à moitié plein ?
Avant la fin du concert, Neil Young s'est juste adressé au public pour dire deux mots : "merci beaucoup !" Trois rappels plus loin, le public des Vieilles Charrues lui fait une énorme ovation. Sur les écrans géants, certains auront pu lire sur les lèvres du Loner : "it's amaizing, crazy !" . Voilà, c'est fait. Une légende du rock est passée par Carhaix !