Une petite centaine d'enfants se sont retrouvés dans un centre de vacances si mal organisé que la préfecture des Côtes d'Armor en a ordonné la fermeture, à partir de ce lundi. Ou comment des "vacances studieuses" tournent à la débâcle.
Allier détente et vacances studieuses... telle était la promesse du centre de "Vacances éducatives" à Pommerit-Jaudy. Des parents de toute la France ont été séduits par cette formule et y ont envoyé leurs enfants : 80 au total. Mais le préfet des Côtes d'Armor a pris un arrêté de fermeture du centre de vacances au regard des multiples dysfonctionnements constatés lors de contrôles sur place, réalisés par les services de l'Etat.
Depuis le début du séjour, le 3 août dernier, les équipes d'encadrement sont en sous-effectifs, entraînant plusieurs incidents. Lors du premier cours d'équitation, organisé par un prestataire extérieur, deux enfants chutent en l'absence de l'encadrant censé les surveiller. L'un des deux terrains de tennis est inutilisable : son revêtement est inopérant, les balles ne rebondissent pas. La salle de cinéma vantée sur la plaquette n'est en fait qu'une salle normale avec un vidéo-projecteur. Les draps sont sales et rien n'est prévu pour les remplacer durant les trois semaines de séjour... Les locaux d'hébergement n'ont pas d'eau chaude et ne permettent pas une séparation claire entre garçons et filles, relève un rapport de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS).
Le cumul de ces dysfonctionnements crée de la tension au sein du groupe de jeunes : deux jeunes filles seront hospitalisées en l'espace de cinq jours suite à des "chocs" dans les locaux à sommeil.
Lors d'une veillée extérieure insuffisamment préparée, les ados se rebellent contre le directeur et l'équipe d'animation, excédés par la médiocre qualité de leur séjour.
"Les gamins étaient adorables, ils n'étaient pas difficiles à gérer", selon Etienne Zoldi, le premier directeur du séjour, qui nous a joints par téléphone. "Mais les prestations n'étaient pas à la hauteur. Un tiers de la plaquette éditée par "Vacances Educatives" était mensongère. L'organisme m'avait donné 300 euros de budget pour les 21 jours du séjour et je n'avais pas pu recruter les animateurs. Je ne conteste pas les dysfonctionnements relevé par la DDCS, je leur avais même écrit pour les exposer", ajoute-t-il.
Effectivement, le contrôle de la DDCS est survenu suite à deux courriels de plainte de la part de 14 jeunes du séjour et d'un parent, en plus de l'alerte lancée par Mr Zoldi.
Mais si la responsabilité de l'organisateur est clairement pointée, celle de l'équipe d'animation est également mise en cause. Le contrôleur de la DDCS a constaté que les jeunes fumaient librement sur le lieu de séjour et que des médicaments étaient délivrés sans avis médical ni ordonnance. De plus, les jeunes qui n'étaient pas intéressés ou ne pouvaient pas participer aux activités proposées étaient laissés sans surveillance, livrés à eux-mêmes.
"J'avais organisé quatre coins fumeurs, explique Etienne Zoldi. Mais les enfants ne les ont pas respectés et les animateurs ne les ont pas recadré. Quant aux médicaments délivrés, il ne s'agissait que d'Ibuprofène ou d'arnica pour soigner des maux légers", justifie-t-il.
Le reportage de Thierry Bréhier et Christophe Rousseau sur ce séjour désastreux :
Les parents, eux, sont consternés. Inquiets pour leurs enfants et en colère : le coût de ce séjour dépasse les 1 300 euros par enfant.
La préfecture des Côtes d'Armor a lui décidé fermer le séjour. Le rapatriement des enfants chez leurs parents devrait débuter à partir de demain.