Prévue d'abord pour janvier 2013, la mise en place de l'écotaxe pourrait être à nouveau reportée à janvier 2014. Seuls 10% des camions sont équipés pour passer sous les portiques. En Bretagne, cette écotaxe, bien qu'allégée, a résolument du mal à passer.
A quoi ça sert ?
L'écotaxe a été inscrite en 2009 dans la loi Grenelle1 de l'Environnement et prévoit une taxe pour les poids-lourds de plus de 3,5 tonnes qui roulent sur le réseau national et départemental, hors autoroute. Elle est destinée au développement des infrastructures de transport, via l'AFITF, notamment le ferroviaire et le fluvial. L'établissement devrait toucher 780 millions d'euros par ans, les départements 160 millions. Le reste, 230 millions, servant à la gestion de la taxe proprement dite.Le législateur espère également inciter les industriels à modifier les comportements en terme de transports, en minimisant les allers-retours dans la fabrication des produits, et en privilégiant les transports plus durables.
Comment ça marche ?
Des portiques ont été installés sur les routes nationales et départementales. Dans les camions, un boîtier GPS. Les logiciels permettent de repérer les points de passages des véhicules et donc les routes empruntées. Les boîtiers étant tous compatibles entre les différents pays européens, tous les véhicules de l'UE sont soumis à l'écotaxe. En prime, les portiques prennent des photos des plaques d'immatriculations et du profil du camion, ce qui permet une détection d'anomalies éventuelles qui mettraient la puce à l'oreille au service des douanes...
10% des camions équipés
Passé le scepticisme de la puissante Fédération Nationale des Transporteurs Routiers, restait à équiper les camions du boîtier GPS. A ce jour, ce sont au mieux 10% des poids-lourds qui sont équipés. En Bretagne, 2000 entreprises doivent se munir du boîtier, se faire enregistrer, former les chauffeurs... " cela demande du temps, et d'autant plus de temps que ce sont des TPE/PME qui sont concernées", déclarait Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), au magazine le Point. Les entreprises mettent d'autant plus le pied sur le frein que la crise a fait chuer de 23% le volume des transports ces dernières années. Même si un mécanisme leur permet de répercuter cette taxe, estimée à 12 centimes d'euro le kilomètre, sur leurs clients, elles craignent un effet sur leurs commandes.
Du retard à l'allumage
Cette écotaxe commence à tenir du serpent de mer. Censé rentrer en vigueur en 2011, le dispositif est d'abord repoussé à 2012 par Nicolas Sarkozy puis enterré. Ressorti des cartons par la nouvelle majorité en avril 2013, elle était censée entrer en vigueur en juillet. Compte tenu du faible nombre de camions équipés et d'un retard dans la publication au journal officiel, le ministre des transports Frédéric Cuvillier l'a reportée en octobre... mais l'on parle également de janvier 2014...
Les bretons font de la résistance
Les filières de l'agro-alimentaires, notamment celles qui sont dans la tourmente, ont cette écotaxe dans le collimateur. Dans la filière volaille, c'est une mauvaise nouvelle de plus. Car dans leur processus de transformation, de l'élevage à l'abattage, puis au conditionnement, nos aliments font du chemin. Lorsqu'un poulet importé du Brésil fait un ou deux trajets, de son port d'arrivée aux plateformes logistiques de la grande distribution, un poulet élevé en France va générer 5 ou 6 fois plus de chemin taxé.C'est pourquoi fin juillet, entre 400 et 500 manifestants de syndicats ouvriers et agricoles ont mis à terre un portique en travers de la RN12. L'action a été revendiquée par un collectif pour l'emploi. 40 000 sont menacés par la crise que traverse la filière volaille avec les menaces qui pèsent sur le groupe Doux et les abattoirs de GAD SAS notamment.
Des aménagements ont pourtant été prévus pour la Bretagne: un abattement de 50% au nom sa situation périphérique, et parce que la région ne comporte pas d'autoroutes à péages. D'autre part la collecte de lait échappe à l'écotaxe.