Après une heure et demie de réunion sur l'écotaxe à Matignon, le premier ministre a annoncé sa suspension sur tout le territoire. Les élus bretons sont soulagés, sauf les écologistes bretons. La manifestation du 2 novembre à Quimper (29) est maintenue.
Les écologistes de Bretagne sont divisés, suite à la décision du gouvernement de suspendre l'écotaxe. EELV Bretagne parle de recul pour la Bretagne. Le parti écolo s'insurge contre le fait que le gouvernement ait renoncé à une mesure allant dans le sens de la transition écologique et souligne que "la Bretagne va, avec cette suspension, perdre 135 millions pour les infrastructures ferroviaires et portuaires dont elle manque cruellement".Dans un communiqué, EELV de Bretagne conclut "ce n'est pas la suspension de la taxe poids lourds qui va permettre à l'économie bretonne de sortir de marasme. Bien au contraire ! Notre région va être, une fois de plus, victime de la volonté de certains de faire perdurer un modèle économique dépassé et qui a failli."
Gaëlle Rougier, conseillère régionale de Bretagne EELV est très déçue et demande à titre personnelle la démission des écologistes du gouvernement.
Quitte à brouiller les pistes, pour Bretagne écologie, la suspension de l'écotaxe est une bonne chose : "le Premier Ministre fait preuve de courage et de discernement". Dans un communiqué, Bretagne écologie ajoute que "la période qui s’ouvre doit être l’occasion de clarifier les méthodes de collecte et le coût réellement supporté par les transporteurs et les acteurs économiques, au premier rang desquels la grande distribution qui doit être mise à contribution".
"C'est une décision courageuse et nécessaire", a dit Joël Labbé, sénateur EELV qui s'est exprimé en sortant de la réunion sur l'écotaxe à Matignon.
Thierry Benoît, député UDI, seul élu de droite présent à cette réunion, parle aussi d'un geste d'apaisement.
Jean-Jacques Urvoas
Le député PS du Finistère parle d'une main tendue, que la Bretagne doit maintenant saisir. Il s'est dit soulagé et souhaite que "chacun regarde maintenant ce qu'on peut faire pour la Bretagne et pour la France". Il ajoute sur son blog : "Ceux qui ne manqueront pas de la critiquer sont les mêmes qui n’auraient pas hésité à stigmatiser l’entêtement ou l’obstination du gouvernement si celui-ci s’en était tenu au respect du calendrier.
La solution retenue témoigne de l’attention indéfectible que porte Jean-Marc Ayrault à la gravité de la situation bretonne et ouvre la voie à l’élaboration collective du plan d’avenir pour la Bretagne dont notre région a un besoin impérieux."
Fédération socialiste du Finistère
Décision courageuse aussi pour les socialistes du Finistère. "En effet, contrairement à ce que veut faire croire la droite, le courage en politique ne consiste pas à s’obstiner et à imposer son point de vue mais à écouter et prendre le temps d’expliquer et de tenir compte de toutes les propositions. C’est pour cela que des études approfondies vont être entreprises."
Pierrick Massiot
Pour le président de la région Bretagne, c'est “une décision courageuse pour construire l’avenir”. Il ajoute dans un communiqué qu'en entendant "les messages émis par les Bretons, font preuve de lucidité et de courage. L’apaisement qui doit résulter de cette main tendue va permettre d’instaurer le dialogue dont la Bretagne a besoin.
L’écotaxe ne doit pas être un écran de fumée".
Marylise Lebranchu
La ministre de la fonction publique était l' un des ministres élus de Bretagne invités à la réunion de Matignon sur l'écotaxe, a salué mardi dans sa suspension "un geste extrêmement courageux". "Je rappelle que l'ancienne majorité avait non seulement voté l'écotaxe, mais passé un marché en partenariat public-privé qui coûte 800 millions d'euros en cas de dédit, donc il faudra que chacun assume ses responsabilités", a déclaré la ministre à BFMTV, à l'issue de cette réunion.
"Je pense que face à cette proposition extrêmement forte", "dès demain matin, la FNSEA et les organisations économiques mais aussi syndicales doivent se retrouver autour de la table", a encore dit Mme Lebranchu. "On arrête les chaises vides, on se met au travail", a-t-elle insisté.
Marc Le Fur
Le député UMP des Côtes d'Armor qui avait décidé de boycotter la réunion sur l'écotaxe proposée par Matignon, s'est exprimé sur son blog au nom des parlementaires UMP bretons : "les parlementaires bretons de l'opposition prennent acte de la suspension "sine die" de l'écotaxe". "Personne n’imagine désormais qu’un Gouvernement, quel qu’il soit, remette ce projet à l’ordre du jour".
Ils se disent disponibles pour un échange avec le Gouvernement (...) Cet échange devra avoir pour objectif de définir un véritable "Plan ORSEC" pour la Bretagne, ses agriculteurs, ses ouvriers et ses emplois".
FNSEA
Le président de la FNSEA Xavier Beulin se félicite. "Je considère que nous avons été entendus. Nous demandions un ajournement, et non pas une suppression", a déclaré M. Beulin, rappelant que la FNSEA justifiait sa position par un environnement économique et conjoncturel "extrêmement difficile" pour le secteur agricole et agroalimentaire. Laurent Kerlir, président de la Chambre d'agriculture du Morbihan se dit satisfait de la décision prise par le gouvernement. Mais il assure que les Bretons resteront vigilants. Il participera au rassemblement prévu le 2 novembre prochain, dans le Morbihan où un rassemblement est aussi prévu.
Quant aux organisateurs du rassemblement pour l'emploi en Bretagne et contre l'écotaxe, prévu samedi 2 novembre à Quimper, ils maintiennent la manifestation et réclament la suppression pure et simple de l'écotaxe.
Collectif des acteurs économiques bretons contre l'écotaxe
Une délégation du Collectif des acteurs économiques bretons contre l’écotaxe, rencontrera le Premier Ministre ce jour à 18 h 45.
Produit en Bretagne
Son président Jacques Bernard ne prend pas vraiment position. Le collectif dont Produit en Bretagne fait partie, demandait la suspension. Aujourd'hui, Jacques Bernard ne se dit ni satisfait ni déçu.