Jeu du foulard : le procureur de Quimper fait appel

Jeudi dernier, le tribunal de Quimper relaxait un internaute marseillais. Sa mise en accusation pour incitation sur internet à pratiquer le jeu du foulard faisait suite à la plainte de M. et Mme Trépos, dont la fille Marie était décédée en 2009 du fait de cette pratique. Le procureur fera appel.

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"Le jeu du foulard", connu également sous le nom de "rêve indien", est un jeu très dangereux pratiqué par de jeunes collégiens. Il consiste à retenir sa respiration pendant quelques instants, après hyper-ventilation, ce qui provoque un étourdissement, jusqu'à la perte de conscience. Ce jeu est particulièrement redoutable quand il est pratiqué seul, dans le secret d'une chambre, avec une ceinture ou une corde. La syncope peut être fatale si l'enfant ne se dégage pas à temps, c'est ce qui est arrivé à Marie Trépos, en 2009, alors âgée de 16 ans.

Apologie sur internet

Les parents de Marie, M. et Mme Trépos, avait retrouvé sur l'ordinateur familial des traces des visites de leur fille sur le site "Copains d'Avant", inscrite dans un groupe de discussion où un jeune marseillais aujourd'hui âgé de 32 ans, faisait l'apologie de cette pratique dangereuse. Il s'y montrait même désireux "d'enseigner cette pratique à tout jeune amateur de sensations fortes". Indignés, les parents de Marie avait d'abord contacté  le jeune internaute, qui avait alors clamé que c'était de l'humour noir. Ils ont ensuite porté plainte au commissariat, et depuis ils n'avaient plus de nouvelles. 

Le jeu du foulard tue une vingtaine de jeunes tous les ans

Chaque jour, plusieurs videos paraissent sur Youtube ou Dailymotion, sous l'intitulé "Rêve Indien". De jeunes collégiens se mettent en scène, pratiquant le jeu du foulard, jusqu'à la syncope. Une vidéo particulièrement choquante montre une jeune fille manquant littéralement de se rompre le cou en tombant à la renverse. En 2012, une vingtaine de jeunes sont décédés, en 2013 le chiffre est équivalent. Cela sans compter les dizaines d'enfants très lourdement handicapés du fait d'une asphyxie prolongée.

M. et Mme Trépos ont rejoint l'APEAS, l'Association des Parents d'Enfants Accidentés par Strangulation. Ils participent à des conférences et rencontrent sans relâche des parents pour les alerter sur les risques du Jeu du foulard. Bien souvent, les parents n'ont pas conscience que leur enfant s'adonne à ce jeu très risqué, jusqu'à l'accident fatal.

Echo et retentissement

Ils ont appris samedi que le procès s'était tenu sans eux. Ils disent n'avoir reçu aucune information de la part du tribunal. Depuis 2009, ils n'avaient eu aucune nouvelle de l'instruction de leur plainte, malgré leur demandes répétées. Ils ont déposé une nouvelle plainte en juin 2012, arguant d'un amendement à la loi Goujeon de 2010, punissant les incitations à violence publiés sur internet susceptibles d'être vus ou perçus par un mineur. Dans la rédaction de leur plainte, Ils avaient exprimé leur souhait de se porter partie civile, une demande restée sans suite. "Nous ne souhaitons pas que ce jeune marseillais soit condamné à une lourde peine, mais ce procès nous aurait donné l'occasion, à nous et aux autres parents de l'Apeas, de faire parler des risques ce jeu très dangereux,... d'éveiller les consciences".

Relaxe et appel

Jeudi dernier, le jeune internaute marseillais à plaidé "l'humour noir". Il s'est dit désolé de ce qui était arrivé à Marie, mais se défend d'avoir voulu faire "l'apologie d'un jeu dangereux". Le procureur Eric Tufféry avait requis deux mois d'emprisonnement pour "délit de propagande en faveur de méthodes permettant de se donner la mort". L'enquête n'avait pas permis d'établir un lien direct entre les déclarations du jeune homme sur internet et le décès de la jeune fille, le tribunal de Quimper a alors prononcé la relaxe.

Nous apprenons aujourd'hui que le procureur a décidé de faire appel. Un nouveau procès se tiendra à la cour d'appel de Rennes. Sans nul doute, les parents de Marie seront présents cette fois-ci.

 
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