Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a expliqué vendredi que l'écotaxe sera modifiée dans le cadre de la prochaine loi de finances, pour une mise en oeuvre logiquement pas avant janvier 2015. Et Matignon explique que le calendrier de la mise en place de l'écotaxe "n'est pas arrêté"
"Si on doit décider de changement pour l'application de l'écotaxe, il y a une mission parlementaire", donc toute modification devra passer par une loi de finances, a-t-il insisté. Le cabinet du ministre a bien confirmé qu'une modification inscrite dans la prochaine loi de finances signifiait nécessairement une application pas avant janvier 2015.
Face à la grogne, des agriculteurs bretons notamment, le gouvernement avait reporté sine die l'application de l'écotaxe afin de remettre à plat une taxe décriée. Par la suite, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait annoncé une remise à plat de la fiscalité pour calmer la grogne anti-impôts, dont de l'écotaxe, sans donner d'échéance précise pour cette dernière. Et ce midi, Matignon annonce que le calendrier de la mise en place de l'écotaxe "n'est pas arrêté".
Manifestations samedi 30 novembre
Les bonnets rouges organisent un rassemblement ce samedi, à Carhaix, sur le site des Vieilles Charrues. Ils souhaitent faire de cette journée, un rendez-vous revendicatif et festif. Parmi leurs revendications : l'annulation et non la suspension de l'écotaxe, l'emploi et la Bretagne face à "tous ceux qui les traitent par le mépris".Sans faire de pronostic sur le nombre des manifestants, M. Troadec, par ailleurs maire DVG de cette ville de centre-Bretagne, parie que "samedi, il y aura du monde". "Ce sera la réponse qu'on pourra donner à ceux qui continuent à nous traiter par le mépris", dit le porte-parole du collectif "Vivre, décider et travailler en Bretagne", initiateur des Bonnets rouges.
Rassemblement familial et festif
Présent à deux de ces rassemblements et chahuté par des manifestants, Christian Troadec assure ne pas être animé par un esprit de revanche. "Tout doit être oublié", dit-il, assurant en outre qu'il "n'y a pas de bras de fer avec les syndicats". "Nous, on souhaite que l'on se rassemble sur une préoccupation majeure et partagée, l'emploi et la Bretagne", dit-il. Le rassemblement de samedi, auquel ont aussi appelé le Parti breton (fédéraliste) ou l'Union démocratique bretonne (autonomiste) notamment, sera "familial" et "festif", avec des concerts: "Que les casseurs (présents à Quimper) restent chez eux", clame M. Troadec en faisant référence aux violences qui avaient marqué la manifestation de Quimper.Et il sera bien sûr revendicatif. Car "les gens ne voient toujours pas de réponse concrète et réelle à leur souffrance". A ce titre, les Bonnets rouges rappellent la promesse du candidat Hollande d'obliger une entreprise à céder les unités de production dont elle ne veut plus. "On voit bien avec l'exemple de Gad que rien n'est fait et que la promesse est
oubliée", commente Christian Troadec, en référence à la fermeture de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau et le licenciement de plus de 800 salariés. "On gèle un abattoir ultra-performant alors qu'il pourrait être repris très rapidement pour une nouvelle activité", déplore-t-il.
Et après les annonces du gouvernement?
Les 15 millions d'euros annoncés par le ministre de l'Agriculture pour la filière poulets-export, très en difficulté? "On va les comparer aux 3 milliards que vient de recevoir Marseille, une ville qui intéresse" (au niveau des municipales, NDLR) les socialistes, ironise M. Troadec. Quant au pacte d'avenir pour la Bretagne lancé par le gouvernement pour trouverdes solutions pérennes à la crise, "nous n'avons aucun contact avec la préfecture" de région, chargée de son élaboration avec les acteurs économiques, politiques et sociaux. C'est là encore "une forme de mépris", juge le leader des Bonnets rouges. "La Bretagne est lâchée", résume M. Troadec, partisan de la décentralisation et farouche opposant au "carcan administratif" qui est à ses yeux un "frein à toute évolution, toute innovation, toute création".