20 ans jour pour jour que le compositeur américain Frank Zappa s'est éteint. Il laisse derrière lui une oeuvre immense qui inspire toujours les élèves du conservatoire de Rennes. A l'occasion de cet anniversaire, ils ont donné un concert en son hommage.
Le 4 décembre 1993, il y a 20 ans, disparaissait le compositeur américain Frank Zappa, au terme d'une carrière longue et prolifique. Plus d'une cinquantaine d'albums, sans compter la publication posthume d'inédits, des films, des livres, et même une participation à un épisode de Miami Vice !
Frank Zappa était passé dans la région, en 1980 à Nantes et en 1982 à Rennes.
20 ans après, sa voix ne s'est pas éteinte. A Rennes, les enseignants des conservatoires ont compris l'intérêt artistique et pédagogique de sa musique. Les étudiants planchent désormais sur Dirty Love, Rdznl ou Uncle Meat. Des musiques complexes aux rythmes sophistiqués et aux subtils mélodies et arrangements, de quoi s'arracher des cheveux, que Zappa portait en général fort longs. Une découverte pour les étudiants, nés bien après sa disparition, et dont beaucoup sont tombés sous le charme.
Ce mardi soir au Triangle de Rennes, les élèves du Conservatoire et du Pont Supérieur de Rennes lui ont rendu un hommage inspiré sous la direction de leurs enseignants.
Une formation de percussion, un quintet à vent, un orchestre symphonique, un "combo" rock avec chanteuse et un trio jazz, pour rendre toutes les facettes des explorations de Zappa.
Reportage de Thierry Bréhier, Vincent Bars et Philippe Kocheleff
Intervenants du reportage :- Benoît Baumgartner, enseignant au Pont Supérieur, chef d'orchestre
- Lys Cogui, élève-chanteuse au Conservatoire en Musique Actuelles
- Joris Saïdani, élève-batteur en Musiques Actuelles
- Erwan Boivent, enseignant au Conservatoire de Rennes
Un compositeur prolifique
Frank Zappa a été bercé par le rythm'n blues avant de s'intéresser à la musique contemporaine. Toute son existence artistique sera marquée par ces allers-retours trans-genres, refusant toute étiquette, capable d'inviter le saxophoniste de jazz Archie Shepp au milieu de musiciens de rock, ou d'amener son batteur Terry Bozzio, très rock, au milieu d'un enregistrement de sa musique "sérieuse" avec l'Orchestre Symphonique de Londres.Dès le début, Zappa frappe fort : son premier album "Freak Out" (1966) est un DOUBLE album, l'homme a déjà beaucoup de choses à raconter ! Suivront à un rythme infernal (jusqu'à 4 disques par an !), des chefs d'œuvre d'expérimentation : Uncle Meat, Waka-Jawaka, Hot Rats, OneSize Fits All, Läther, Sheik Yerbouti, Joe's Garage …
Batteur de formation, il s'était mis à la guitare, instrument sur lequel il avait développé un style très particulier, et qu'il prétendait ne jamais pratiquer en dehors de la scène. Les plus grands noms sont passés dans son orchestre, les "Mothers of Invention".
Virulent pourfendeur de la culture américaine ambiante, Zappa s'était attiré à plusieurs reprises les foudres de la censure. Nombre de ses disques étaient estampillés de l'infâmant logo "explicit lyrics", "paroles choquantes".
S'il refusait l'usage de toute drogue, et licenciait immédiatement ses musiciens s'ils en consommaient, Zappa se revendiquait très gros fumeur. "Tobacco is my favorite vegetable", se plaisait-il à répéter ("le tabac est mon légume favori"). Citant Edgar Varèse, son autre maxime fétiche était "Today's composers refuse to die" ("Les compositeurs d'aujourd'hui refusent de mourir"). Pour ce qui est de sa musique, c'est réussi.