Pacte d'avenir : écoutez les réactions en Bretagne

"Enfumage" pour les uns, "bon début" pour les autres: le Pacte d'avenir ne fait pas l'unanimité en Bretagne, où les acteurs politiques, économiques et sociaux attendaient avec circonspection la mise en oeuvre de ce plan. Le pacte sera soumis au vote à la Région, jeudi 12 décembre.

"Ce pacte, c'est de l'enfumage et une coquille vide", a tranché mercredi soir Christian Troadec, initiateur du mouvement des "Bonnets rouges", dès la publication du Pacte d'avenir, qui détaille près de 2 milliards d'euros d'aides à l'économie de la région. Christian Troadec a invité le Premier ministre Jean-Marc Ayrault "à différer son voyage" prévu à Rennes le 13 décembre pour signer le Pacte.
Christian Troadec, en réaction au Pacte d'avenir

Olivier Le Bras, délégué central FO chez Gad, juge le plan du gouvernement "trop flou" et qu'il ne répond pas aux vrais problèmes comme celui de la concurrence avec l'Allemagne, dont les abattoirs emploient des travailleurs payés très en-deçà des salaires français. "Rien de neuf, nous a-t-il expliqué. C'est un effet d'annonce comme d'habitude. Il faut que les décisions viennent de chez nous". Pour la CGT Bretagne, ce pacte permet d’engager un travail sur la région
pour donner aux salariés d’autres alternatives que le licenciement systématique. 

'Nouvelles annonces' ou 'recyclage'?

Côté politique, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, ancien élu du Morbihan, a réuni mercredi soir à Paris des élus de gauche qui ont eu la surprise de recevoir la visite du président de la République. Stéphane Le Foll, le ministre de l'agriculture, qui était à St Malo ce jeudi pour le 20ème congrès de la Coordination rurale a aussi donné son avis sur le Pacte d'avenir. Il estime que "tout commence".

Paul Molac, député écologiste du Morbihan, proche des milieux régionalistes, a vu "un bon début" dans les annonces du gouvernement, particulièrement dans ce qui touche aux demandes de décentralisation de la région en matière de politique de l'eau, de politique culturelle et audiovisuelle.


Avis des agriculteurs bretons

Jacques Jaouen, président de la Chambre d'agriculture de Bretagne, a rappelé que son organisme avait réclamé la suppression de l'écotaxe, une simplification administrative et l'étiquetage des produits français. "On a posé ces trois questions-là en disant: 'il faut que vous nous donniez vos réponses par rapport à ça', on les attend toujours", a-t-il regretté. "Ca ne coûte pas d'argent, c'est des décisions qui appartiennent à l'Etat français, il suffit de les prendre", a-t-il dit. Michel Bloc'h, président de l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), a regretté que le Pacte d'avenir n'évoque pas la question du dumping social, accusant les abattoirs allemands d'exploiter de la main-d'oeuvre étrangère à bas coût. 

Pour René Louail, conseiller régional EELV de Bretagne, "on n'a pas suffisamment discuté au niveau régional". Il ajoute que l'on renforce "le modèle dominant d'un système qui a montré ses limites". Quant au volet simplification administrative, il craint que l'on en profite pour déréglementer la partie environnementale.

Confiance et satisfaction à gauche

Pour Pierrick Massiot, président PS de la région Bretagne, le pacte est une grande avancée. Il développe quelques points notamment sur la décentralisation. "Nous allons être de façon expérimentale, la région qui va négocier avec l'Etat la délégation des compétences culturelles. Sur les langues régionales, nous allons obtenir (...) la possibilité d'augmenter le nombre d'enseignants [ndlr] bilingues, grâce à cela nous allons permettre de diffuser l'apprentissage de la langue". 
Quant à la simplification administrative... Pierrick Massiot explique qu'un travail va être mis en place avec le préfet : "pour les industriels par exemple, est-il normal qu'il faille à peu près 3 ans pour sortir un projet de méthanisateur, alors qu'il en faut 1 an en Allemagne?". Voici son interview

"C’est un pacte qui mise sur notre capacité à faire preuve d’initiatives, à unir nos forces, nos potentialités  et nos talents" explique Chantal Guittet, députée PS du Finistère. Elle se réjouit que "ce pacte répond à l’urgence sociale, prévoit des actions ciblées sur l’agriculture et l’agro-alimentaire, des mesures structurelles pour dynamiser l’économie bretonne en misant sur des filières d’avenir." Ce Pacte n’est que le début de l’histoire, ajoute Corine Erhel, députée PS de Lannion: "A nous de le mettre en œuvre en unissant nos forces et nos talents. "

Méfiance et critiques ailleurs...

Mais Marc Le Fur, député UMP des Côtes d'Armor, ne voit en revanche "rien de positif" dans le Pacte d'avenir, notant par exemple que le doublement à 368 millions d'euros
des fonds européens au développement rural est compensé par la baisse de l'aide directe aux agriculteurs. "On est loin de ce que touche par exemple l'Auvergne avec 1,3 milliard d'euros", estime-t-il. Pour Isabelle Le Callennec, députée UMP de Vitré "[la Bretagne ] attend avec impatience la baisse du coût du travail, la simplification d’une réglementation qui bride toute initiative, la fin de l’écotaxe, le soutien sans faille à l’élevage, la clarification des compétences et un pilotage efficace des politiques publiques". Bernadette Malgorn, conseillère régionale DVD de Bretagne, le gouvernement n'a pas vraiment compris les sources de la colère des Bretons:



Pour l’UDB, l’enjeu majeur du "Pacte d’avenir" est que la Bretagne obtienne les moyens politiques pour pouvoir répondre à la crise qu'elle traverse et agir pour réorienter son modèle de développement. "De toute évidence, les propositions faites sont en deçà de celles de la contribution du Conseil régional de Bretagne à la loi de décentralisation qui est ignorée". Comble de l’ironie, "le Préfet de région se verrait confier une mission d’expérimentation de simplification administrative, faisant de la Bretagne une région expérimentale en la matière" "Tout est dit, c'est le Préfet, donc l'État, qui expérimente, pas la Bretagne"
 

Selon une source proche du gouvernement, Jean-Marc Ayrault fera lors de sa visite à Rennes "des annonces qui ne sont pas dans le pacte". Quant à l'écotaxe, la goutte d'eau qui a provoqué la mobilisation des Bonnets rouges avant d'être suspendue, elle pourrait finir par être abandonnée, selon cette source.
 

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