Guillaume Sorel a adapté en bande dessinée le Horla, la célèbre nouvelle fantastique de Maupassant. Un véritable défi : comment représenter une terreur invisible ?
"Le règne de l’homme est fini". La phrase peut sembler banale aujourd’hui pour les lecteurs de science-fiction. Mais quand Maupassant l’écrit, en 1886, elle est terriblement novatrice : elle envisage l’existence de races supérieures à l’homme et préfigure la littérature fantastique.Rien d’étonnant à ce que Guillaume Sorel décide de l’adapter en bande dessinée (Le Horla / éditions Rue de Sèvres). Quand nous le rencontrons dans son atelier, à Chateaugiron (35), le dessinateur est entouré d’une impressionnante collection de livres et de DVD à thèmes fantastiques.
Le héros de Maupassant est confronté au Horla, un être surhumain qui le terrasse chaque nuit et aspire sa force vitale. Peu à peu, il se replie sur lui-même, s’enferme dans sa chambre et finit par incendier sa demeure, espérant se débarrasser de sa terreur.
Guillaume Sorel a une proximité toute personnelle avec le héros de ce récit. « Quand on est dessinateur de BD, on passe de longues heures enfermé dans un espace clos. On s’enferme, on se plonge dans le travail jusqu’à redouter parfois de devoir sortir dehors et quitter l’ouvrage. On s’agace d’un téléphone qui sonne et vous distrait. Vous êtes absorbé par votre oeuvre », explique-t-il.
Il existe de multiples interprétations de cette nouvelle fantastique. Maupassant lui-même, ne livre pas toutes les clefs : le Horla existe-t-il ou est-il une métaphore de la folie ? Ou peut-être représente-t-il nos démons intérieurs quand l’homme devient son propre bourreau ?
Adapter cette nouvelle fantastique en bande dessinée était un véritable défi. « Comment représenter l’invisible ? Une créature, une présence qui suscite la terreur, l’effroi mais qu’on ne peut pas toucher ? », s’interroge Guillaume Sorel.