Pour beaucoup de vénitiens, le trois-mâts Belem fait partie du patrimoine maritime italien. De retour à Venise, il est facile de s’apercevoir de leur attachement pour ce navire français qui revient après 35 ans d’absence.
Durant le week-end de Pâques, le Belem fait une escale remarquée à Venise. Le trois-mâts qui avait quitté la Sérénissime, pour rejoindre Brest en 1979, s’est amarré pour une dizaine de jours à quelques pas de la place St Marc.
Pendant une vingtaine d’années, le trois-mâts amarré sur le quai de l’ile San Giorgio, en plein cœur de Venise avait été rebaptisé Giorgio Cini, du nom du fils du Comte Cini, devenu en 1951, le nouveau propriétaire du Belem. A cette époque, le navire embarquait des jeunes mousses de la Fondation Cini. En fin d’études, leur embarquement de un ou deux mois en Adriatique et en Méditerranée sur le trois-mâts était une récompense pour les bons élèves.
(Photo de la Fondation Cini : le Giorgio Cini, amarré à l'île San Giorgio Maggiore)
Retour à bord
Depuis quelques jours, plusieurs marins, âgés à l’époque de 10 à 20 ans, ont retrouvé le bateau de leur adolescence, à quai et même pour certains durant une navigation entre Trieste et Venise. Le gréement, la vie à bord, les cabines, le confort, beaucoup de choses ont changé... mais finalement rien n’a changé. Beaucoup d’émotions, de souvenirs partagés, des gestes retrouvés et d’échanges avec de nombreux copains plus ou moins perdus de vue. En mer ou à quai, de nombreux marinaretti sont venus avec leur album photos. Pour tous, l’évocation d’escales, de moments de vie et la nostalgie du temps qui passe... le voilier ayant fait son dernier voyage en 1967.Intervenants du reportage :
- Giuseppe Bisori, Marinaretto du Giorgio Cini - Belem
- Pier Giorgio Xodo, Second capitaine du Giorgio Cini - Belem
- Commandant Jean-Alain Morzadec, Capitaine du Belem
Escales en Bretagne en septembre
Le trois mâts poursuit durant mai et juin sa navigation en Adriatique, en Grèce en rentrant par Malte et la Sicile, puis le sud de la France, l’Espagne, le Portugal. Retour en Atlantique, en août, le 24 à Nantes, son port d’attache. Le Belem sera en Bretagne pour la fin de saison, en septembre et octobre, avec des escales à Concarneau, Brest, St Brieuc, St Malo.
Repères historiques
1896 - 1914 : pavillon français - navire de commerce construit à Nantes , transporte essentiellement des fèves de cacao pour le chocolatier Menier.1914 - 1951 : pavillon britannique - rachat par le Duc de Westminster qui le transforme en yacht de plaisance puis le cède à Arthur Ernest Guiness (qui le rebaptise «Fantôme II»)
1952 - 1979 : pavillon italien - rachat par la Fondation Cini à Venise qui le transforme en navire-école pour les mousses de la marine italienne, le rebaptise Giorgio Cini (du nom du fils du Comte Cini, mort dans un accident d’avion). 1967, jugé trop vieux, trop dangereux pour continuer à naviguer, il sert quelque temps de pensionnat aux « marinaretti » avant d'être vendu au corps des Carabiniers pour une lire symbolique...faute de moyens financiers, il sera cédé en 1976 aux chantiers navals de Venise pour une future mise en vente.
1979 – à ce jour : pavillon français - rachat par les Caisses d’Epargne qui le cède à la Fondation Belem, qui poursuit sa mission de navire école accueillant 1200 stagiaires par an.