Vladimir Poutine, le président russe a décrété un embargo total sur les produits alimentaires provenant des pays ayant pris des sanctions contre son pays. Depuis, le monde agroalimentaire et agricole est en ébullition. Mais quel impact pour la Bretagne ?
Le président russe Vladimir Poutine prend cette décision, dit-il "afin de protéger les intérêts nationaux de la Fédération de Russie". Le 6 août, il a annoncé via un communiqué sa volonté d'interdire ou limiter pendant un an "les importations de produits agro-alimentaires en provenance des pays ayant adopté des sanctions économiques contre la Russie." Cette sanction s'est précisée au fil des jours pour aboutir à une "interdiction totale" de la plupart des produits alimentaires en provenance des pays d'Europe et des États-Unis.
En Bretagne, plusieurs secteurs concernés
Dans la région, le secteur porcin est déjà fragilisé. Les exportations européennes ont en effet été entièrement suspendues par l'embargo russe, en janvier dernier et en raison de la peste porcine. Les entreprises de la région en ont fait les frais. La société de découpe et d'abattage de porc Gad SAS a du fermer un de ses abattoirs, entraînant près de 900 suppressions d'emplois.
Pour Jean-Paul Simier, économiste et directeur de l'agro-alimentaire pour Bretagne Développement Innovation si l'embargo se confirme, " pour le secteur porcin, c'est très sérieux. S'il y a moins de débouchées, les prix déjà bas vont encore baisser." Il rappelle que pour la Bretagne, la Russie est l'un des premiers marchés.
D'autres denrées pourraient être impactées ajoute t-il comme l'huître : "les quantités sont peu importantes mais sur des produits non négligeables et de qualité, de niche, commercialisés à certains moments de l'année." Stéphane Alleaume, ostréiculteur à Cancale confirme : "ça nous pose problème à nous producteurs bretons mais aussi à nos collègues du sud, sachant que notre principal client à Moscou importe 5 tonnes d'huîtres par semaine."
Du côté des producteurs de fruits et légumes cette perspective "est dramatique". Joseph Rousseau, président du CERAFEL (Association d'Organisations de Producteurs) "Pour la tomate, la saison est déjà très mauvaise. La Bretagne produit 2% à destination de la Russie. Cet embargo va provoquer un déséquilibre sur le marché." "Là où nous sommes directement concernés c'est sur le chou-fleur qui représente 5% de la production régionale".
Xavier Beulin, président de la FNSEA exprime aussi son inquiétude mais souligne que cette situation ne pourrait durer sur le long terme, car la Russie a besoin de ces importations.