Le Petit Rex de Saint-Judoce, un ciné de bric et de broc

A Saint-Judoce, petite commune des Côtes d'Armor, on compte 560 habitants et...un cinéma. Pas un multiplexe, mais Le Petit Rex, le rêve de Jean-Jacques Boinet. Ce passionné a créé sa propre salle de projection dans une vieille bâtisse. 

Silence ! La séance commence. Encore faut-il que le groupe électrogène soit bien chargé. 

C'est comme ça au Petit Rex, on bricole. L'unique cinéma de Saint-Judoce est installé dans une ancienne forge. Cette salle de projection au nombre de places limité (13 exactement) incarne le rêve de Jean-Jacques, 73 ans. D'autres, ont depuis rejoint l'aventure comme sa compagne, ou encore Minh-Thu.

Un homme en mouvements

Installé dans la commune depuis 2007, Jean-Jacques a 73 ans et la maladie de Parkinson, qui le remue, littéralement. Mais il n'en a cure. Il préfère se concentrer sur sa salle de cinéma. Pourquoi le Petit Rex ? Enfant, il fréquentait une salle portant ce nom, à Vincennes.

Le lieu est à la fois une salle de projection mais aussi un musée à la gloire du 7ème art, où l'on trouve un tas d'objets comme des bobines, d'anciens projecteurs. Il gère ce joyeux désordre à sa guise, change la décoration, aidé par sa compagne. Minh-Thu, une autre habitante, essaie elle d'instaurer un peu de rigueur, tout en appelant Jean-Jacques "patron". 

La séance est souvent une surprise. Ni le jour ni l'heure ne sont fixés, tout se fait par le bouche à oreille. En théorie, les spectateurs peuvent choisir leur film en consultant la bibliothèque. Dans les faits, c'est Jean-Jacques qui décide parmi son impressionnante collection de 875 bobines. 

E. Pinault, N. Rossignol, B. Thibaut


Un signe du destin ?

Jean-Jacques est né rue Cognac-Jay à Paris, une rue emblématique car c'est là que siégeait la télévision française jusque dans les années 90. Plus tard, ses parents loueront une maison aux frères Pathé. Enfant, il a passé beaucoup de temps en compagnie d'un projectionniste, tel le gamin du film "Cinema paradiso". Avant d'arriver à Saint-Judoce, l'homme a eu plusieurs vies : photographe de plateau pour le metteur en scène Georges Wilson, titreur pour PIerre Tchernia, photo-reporter sur plusieurs Paris-Dakar. Désormais, il rêve d'installer une régie au Petit Rex, pour passer d'un projecteur à un autre, mettre des vinyles sur des films muets.


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