Renault et Bolloré ont concrétisé leur partenariat industriel en annonçant ce mardi l'assemblage prochain du véhicule d'autopartage "Bluecar" du groupe breton par le constructeur automobile dans son usine de Dieppe (Seine-Maritime), un "gage d'avenir" pour ce site.
Cet assemblage s'effectuera "à compter du second semestre 2015", a expliqué le PDG de Renault, Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse commune à Paris avec son homologue Vincent Bolloré. Carlos Ghosn a estimé que ce montage permettrait à son partenaire une "réduction significative de ses coûts" de production. De son côté, Vincent Bolloré a exprimé sa "grande satisfaction" d'être parvenu à une telle alliance, qui permettra selon lui de "nous développer encore plus vite", ainsi que de donner à cette activité de Bolloré une "respectabilité" et un "poids industriel" renforcés.
La Bluecar, une voiture pour le service Autolib'
La Bluecar, une petite quatre-places 100% électrique équipant en particulier la flotte du service d'autopartage Autolib' en Ile-de-France, est jusqu'ici assemblée près de Turin (Italie), dans une usine louée au carrossier Pininfarina. Pour l'usine Renault de Dieppe, "c'est une reconnaissance de son savoir-faire et un gage d'avenir pour l'ensemble de ses salariés", s'est félicité le PDG de Renault.
Unité de taille modeste (300 personnes), Dieppe assemble actuellement des modèles de petite série, tels que la version vitaminée "RS" de la Renault Clio. C'est là que doit être aussi construit le nouveau modèle Alpine, après une longue hibernation de cette marque sportive.
"Une bonne nouvelle pour les salariés dieppois"
Même si les conséquences en terme d'emploi devraient être limitées - "quelques dizaines de personnes" selon le PDG d'Alpine Bernard Ollivier -, les collectivités locales ont salué cette annonce. "C'est une bonne nouvelle pour les 300 salariés du site dieppois mais aussi pour tous les emplois indirects associés", a remarqué Nicolas Mayer-Rossignol, président PS de la région Haute-Normandie. Le maire PCF de Dieppe Sébastien Jumel a de son côté évoqué une "excellente nouvelle pour Dieppe, pour l'emploi et la formation, mais également pour le renouveau industriel de notre pays".
Conquérir de nouveaux marchés
Après Indianapolis (Etats-Unis) cet hiver, Vincent Bolloré a rappelé l'arrivée d'Autolib' à Londres en 2015 et espéré parvenir à implanter ensuite ce service à Singapour. Outre cet accord industriel, application d'un partenariat noué en 2013 entre les deux entreprises, messieurs Ghosn et Bolloré ont indiqué qu'ils formaient une société commune (70% pour Bolloré, 30% pour le groupe au Losange) afin de développer de solutions d'autopartage sur le modèle d'Autolib'.
L'objectif est de conquérir de nouveaux marchés "en France et en Europe", selon Carlos Ghosn. Des Renault électriques (Twizy, Zoé) côtoieront aussi des Bluecar, en particulier dans les réseaux d'autopartage de Lyon et Bordeaux. Le PDG de Renault a précisé que son entreprise allait s'atteler à la conception et à l'industrialisation d'une voiture électrique trois-places pour Bolloré, dont l'incursion dans l'automobile, de l'aveu-même de son dirigeant, sert surtout de vitrine à sa maîtrise de la technologie des batteries.
Une alliance pour doper la production
Les PDG n'ont pas souhaité révéler les détails financiers de ces accords. "La mise initiale est relativement faible", s'est borné à indiquer Carlos Ghosn. Bolloré table sur une production de 1.500 Bluecar en 2014. L'alliance avec Renault devrait permettre de faire monter ce chiffre à environ 2.500 en 2015, selon Vincent Bolloré. Le contrat avec Pininfarina vient à échéance fin 2016, mais le chef d'entreprise breton s'est voulu rassurant quant à la poursuite de ce partenariat, puisque le site italien a vocation à assembler la future "Bluesummer", une voiture d'été (ou véhicule de plein air), ainsi que d'autres modèles à venir.