Alors que les Ecossais sont appelés à se prononcer aujourd'hui pour ou contre leur indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni, les mouvements autonomistes ou indépendantistes bretons saluent largement ce référendum historique. La Bretagne pourra-t-elle, un jour, s'engager sur la même voie ?
Il faudra attendre demain matin, vendredi, pour connaître les premiers résultats du référendum organisé ce jour en Ecosse. Les bureaux de vote sont ouverts jusqu'à 23 heures.
De quoi donner à rêver aux mouvements autonomistes et indépendantistes bretons.
A Rennes, un rassemblement de soutien au OUI à l'indépendance de l'Ecosse est annoncé ce soir à 18h devant le Parlement de Bretagne. Selon Gwenvael Jéquel, qui coordonne cet appel, l'idée a été lancée par des Bretons d'horizons variés, qui se sont d'abord retrouvés via le réseau social facebook.
"Reprendre du poil de la bête" en Bretagne
Pour le jeune militant indépendantiste, il s'agit de "montrer la solidarité des Bretons avec les Ecossais dans leur désir d'indépendance. En Bretagne aussi le droit à l'autodétermination doit être appliqué, pour montrer que ce qui est bon pour les Ecossais l'est aussi pour les Bretons, pour une Europe des peuples."Même si Gwenvael Jéquel reconnait qu'à l'heure actuelle en Bretagne les indépendantistes bretons sont peu nombreux et mal organisés, "faute d'une vraie volonté populaire mais surtout par manque de pédagogie", comme d'autres, il espère que "ce qui se passe aujourd'hui en Ecosse va permettre au mouvement de reprendre du poil de la bête".
"On a toujours du mal à imaginer qu'il puisse exister une autre façon de penser ailleurs"
Même son de cloche du côté de l'Union Démocratique Bretonne, qui se dit proche du SNP écossais (Scottish National Party).Pour Pierre Fourel, responsable des relations internationales à l'UDB, le référendum écossais est "l'exposition de la démocratie. Il faut regarder les choses d'une autre manière. Ici [NDLR: en France], on est tellement dans un esprit centralisé et uniforme, qu'on a toujours du mal à imaginer qu'il puisse exister une autre façon de penser ailleurs"."Small is beautiful"
Militant au sein de l'association "Bretagne-Ecosse", qui promeut les échanges inter-universitaires et entreprises entre les deux régions, Gweltaz ar Fur note, pour sa part, que le vote écossais n'a rien de folklorique... bien au contraire. "C'est, dit-il, une vision moderne de la société [...] dans le cadre d'une plus grande proximité des citoyens par rapport aux institutions. Comme on dit en anglais, small is beautiful 1".Professeur émérite d'économie politique à l'Université de Warwick, en Angleterre et défenseur du "non" au référendum écossais, Robert Skidelsky n'est pas de cet avis. Dans Les Echos, l'universitaire analyse que "la progression spectaculaire du nationalisme, en Ecosse et ailleurs en Europe, est le symptôme d"un système politique malade.[...] Si les politiques nationalistes ont longtemps été réduites au silence après la Seconde guerre mondiale grâce à la prospérité économique et au souvenir des horreurs d'avant-guerre, l'Europe est aujourd'hui un terreau propice à leur retour".
Ecosse et Bretagne: pas comparables
Reste que les situations de l'Ecosse et de la Bretagne ne sont pas comparables, du moins en l'état. Depuis 1999, l'Ecosse est dotée d'un Parlement décentralisé, "donnant ainsi une plate-forme politique au SNP à Edinbourg à partir de laquelle faire campagne pour l'indépendance". En outre, l'Ecosse est aujourd'hui une région riche de ses revenus pétroliers."En Bretagne cela peut se passer aussi"
Mais pour Tudi Kernalegenn, journaliste et universitaire en Science Politique à Rennes, il n'en a pas toujours été ainsi: "Même si les choses semblent avancer très lentement en Bretagne, voire parfois reculer, l'Histoire nous montre que, parfois, cela peut aller très vite. Jusqu'aux années 60, l'Ecosse n'avait aucun mouvement nationaliste fort, aucune revendications structurée forte pour l'indépendance. Depuis le début des années 1970, il y a eu une révolution en Ecosse avec plusieurs étapes. On en voit les fruits aujourd'hui. En Bretagne, cela peut se passer aussi".L'un des prochains tests sera le samedi 27 septembre à Nantes avec un appel à manifester en faveur d'une Bretagne à 5 départements.
Rencontre avec un écossais de Rennes
Jimmy O’Neill, lui, a voté par procuration car il vit en Bretagne. Ecossais, l’ancien chanteur du groupe pop/rock The Silencers habite à Rennes où il a trouvé l'amour. Sa tasse de thé : l'indépendance de son pays.1 "Ce qui est petit est beau"