Ils sont Bretons l'un et l'autre, affichent des palmarès proches, ambitionnent de remporter le prochain Vendée Globe: Yann Eliès et Jérémie Beyou sont les favoris de la Solitaire du Figaro, qui part ce dimanche de Pauillac, au nord de Bordeaux.
Ils se respectent et sont très copains. A terre. En mer, c'est féroce et il n'y a pas de quartier. Et le duel entre le Briochin Eliès (41 ans) et le Finistérien Beyou (38) s'annonce passionnant, jusqu'au 24 juin à Dieppe (Seine-Maritime), au terme de 4 étapes et quelque 2185 milles (environ 4050 km).
Les deux "meilleurs ennemis" de cette 46e édition de la Solitaire du Figaro, affichent des parcours similaires et comptent nombre de points communs. Ils ont tiré leurs premiers bords dans l'archipel de Bréhat (Eliès) et la baie de Morlaix (Beyou), des plans d'eau redoutés pour leurs courants, leurs marées et leurs innombrables "cailloux".
Eliès pour une 3e gagne
Eliès a participé 15 fois au "Figaro", gagnant la course en 2012 et 2013. Un 3e succès d'affilée ne lui a échappé que d'un cheveu l'an dernier en raison d'un démâtage le long des côtes anglaises. Il a terminé 7e de la Route du Rhum 2014 à la barre d'un trimaran MOD70 (20 m). Il a aussi pris part au Vendée Globe 2008-2009 mais a dû abandonner à la suite d'une blessure (fracture du fémur) au sud de l'Australie."J'ai une histoire à boucler et j'aborde ce Figaro 2015 un peu comme une revanche (de 2014)", confie-t-il. "Ca a été douloureux, la remise des prix de l'an dernier. Finir 32e, ça fait chier. En plus, c'est Jérémie qui gagne. C'est un bon copain mais il y a des limites à l'amitié!".
"Côté avaries, j'ai été servi ces deux dernières années (casse de l'étai en 2013) et j'aimerais bien avoir une Solitaire qui soit cool de ce côté-là", ajoute-t-il. "Mais je suis content d'être là, j'aime bien cette course et les émotions qu'elle procure. Et c'est toujours le meilleur qui gagne à la fin".
Beyou pour une 4e gagne
Avec trois victoires (2005-2011-2014) au "Figaro" à son actif (pour 14 disputés), Beyou fait partie, avec Philippe Poupon, Jean Le Cam et Michel Desjoyeaux, du cercle très restreint des triples vainqueurs de l'épreuve. Il a lui aussi tâté du Vendée Globe à deux reprises (2008-2009 et 2012-2013) mais a dû abandonner à chaque fois sur avarie."Je n'ai jamais terminé de Vendée Globe, observe-t-il, mais comparé à une Route du Rhum, le "Figaro" c'est beaucoup plus serré, tu as zéro droit à l'erreur. J'y reviens parce qu'il n'y a pas de meilleure remise à niveau". "Si tu reviens une fois et que tu prends une raclée, c'est normal. Si ça se répète pendant deux ou trois ans, c'est que tu n'es pas au niveau".
Le Vendée Globe en ligne de mire
Le Vendée Globe sera le prochain objectif commun des deux Bretons. Eliès sera au départ le 6 novembre 2016 à la barre de l'ex-Safran de Marc Guillemot. "Un bateau mythique, qui allie puissance et légèreté, extrêmement performant et dans le top 3" de la classe Imoca (18,28 m).Beyou, lui, participera avec un bateau mis à l'eau en 2010 et qui avait terminé 2e de la dernière édition, en 2013, entre les mains d'Armel Le Cléac'h.
Ces deux-là n'ont donc pas fini d'en découdre.