Empêtrée dans la tenace défense anglaise pour son premier match du Mondial canadien mardi, l'équipe de France a trouvé l'ouverture grâce à une frappe somptueuse de son attaquante Eugénie Le Sommer qui, à 26 ans, est en train de prendre une autre dimension.
Puisque son surnom de "Gameiro" l'exaspère, trouvons-en un autre pour cette Bretonne née à Grasse (Alpes-Maritimes), où son père policier avait été nommé, et adoptée par Lyon et l'OL depuis 2010. "Gégène", depuis longtemps on l'appelle "la complète", propose Laure Boulleau. "Elle a un peu tout, la vitesse, les deux pieds, le sens du but, même le jeu de tête alors qu'elle fait 1,60m."
Hier à Moncton, où elle était soutenue par sa soeur et son père, c'est sa frappe de balle qu'a fait parler la numéro 9 des Bleus. Après un bon pressing et un petit service de Gaëtane Thiney, elle a expédié du droit et de l'extérieur de la surface un tir puissant qui a condamné la gardienne anglaise Bardsley. Alors que les Bleues et les Anglaises partagent le même hôtel à Moncton, voilà qui ne va pas arranger la cote de la Lyonnaise chez ses collègues de l'étage du dessus. "Les pauvres, déjà qu'elles ont mes photos partout", en rigole Le Sommer, qui est effectivement en vedette sur toutes les affiches liées au tournoi, à l'hôtel et ailleurs.
Qualités complémentaires
Déjà très expérimentée en Bleu (106 sélections, 45 buts), l'attaquante semble franchir encore un cap supplémentaire depuis quelques mois. Et avec neuf buts sur ses 11 dernières sélections, elle confirme que le système en 4-4-2 installé par Philippe Bergeroo lui convient très bien. "C'est un système qui me va. Avec Gaëtane (Thiney), on essaie de prendre les infos, on se parle, on se regarde. On essaie de se compléter et de trouver une complémentarité", explique-t-elle. Sa partenaire offensive confirme. "On essaie qu'il y en ait une en profondeur quand l'autre décroche. On se parle aussi beaucoup sur le replacement défensif. Ça fait un an ou deux qu'on joue ensemble en Bleu et on commence à bien progresser", déclare Thiney à l'AFP.
"On a sûrement des qualités complémentaires. Elle fait des appels sans cesse. Elle est souvent plus en appui et moi je décroche un peu plus mais on n'a pas de rôle figé et ça amène de l'incertitude pour l'adversaire. Sur le but je la vois partir à droite et elle me fait un petit signe. Elle enchaîne avec une super frappe", ajoute-t-elle. Élue cette saison meilleure joueuse de D1, comme elle l'avait été en 2010 avec Saint-Brieuc, Le Sommer est donc en train de s'installer au plus haut niveau, comme l'avait prédit le précédent sélectionneur, Bruno Bini, qui voyait en elle une possible Ballon d'Or. "La fille qui peut exploser encore plus, et il ne lui manque pas grand-chose, c'est Eugénie Le Sommer. Elle a tout pour être une des meilleures attaquantes du monde", disait-il en 2013. Deux ans plus tard, la prédiction s'est confirmée.