75 ans après, la fille d'un marin mort à Mers el Kebir demande la reconnaissance du préjudice

Denise Ollivier est la fille d'un marin tué le 3 juillet 1940 à Mers el Kebir lors du bombardement de la flotte francaise par les Britanniques. Cette retraitée de Paimpol a déposé une requête au tribunal administratif de Rennes pour que son père soit reconnu comme victime d'un acte de barbarie.

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Parfois la petite histoire a rendez vous avec la grande. Ce jeudi matin, le tribunal administratif de Rennes examinait la requête déposée par une retraitée de Paimpol. Denise Ollivier est la fille d'un marin, tué le 3 juillet 1940 à Mers el Kebir, en Algérie, lors du bombardement de la flotte francaise par les Britanniques. Alors qu'on va célébrer bientôt les 75 ans de Mers el kebir, Denise Ollivier espère enfin que son père sera reconnu comme la "victime d'une exécution, victime d'un acte de barbarie".
Pour l'instant, aucune de ses démarches n'a abouti.  

1297 marins, Bretons pour la plupart, sont morts à Mers el Kebir


Pour rappel, 1297 marins français, dont 70 % de Bretons ont été tués à Mers el Kebir. A l'époque, quelques jours plus tôt, le 22 juin, l'armistice vient d'être signée entre l'Allemagne et la France et le Royaume-Uni ne veut pas prendre le risque de voir la flotte française tomber aux mains des Nazis. La Royal Navy lance donc une attaque sur les 11 bâtiments français stationnés dans le port. 
Aujourd'hui plusieurs questions sont donc posées au tribunal, 75 ans après les faits : l'Angleterre était-elle l'ennemie de la France à ce moment-là, les Britanniques se sont-ils livrés à une exécution et à un acte de barbarie contre les marins français ?

Cette reconnaissance du préjudice, une première


C'est la première fois que la famille d'une victime demande la reconnaissance du préjudice. Pour les familles cette histoire est longtemps restée cachée, tabou, se souvient Denise Ollivier. Elle avait 2 ans quand son père Henri Marie, Paimpolais, est mort à Mers El Kébir. Des marins longtemps considérés comme des complices de Vichy, et pour lesquels il a fallu rétablir la vérité, ce qui a demandé beaucoup de temps. Ces marins n'ont fait que leur devoir, un devoir en forme de sacrifice. Aujourd'hui ils sont réhabilités et depuis quelques années, les enfants se retrouvent. Pour tenter d'obtenir gain de cause, la retraitée s'appuie sur un décret de 2004 qui prévoit l'indemnisation des enfants victimes de barbarie et pas seulement de la barbarie nazie.

Des commémoration 75 ans après


L'avocate de Denise Ollivier voudrait faire reconnaître ce qu'elle nomme une exécution perpétrée par un "ennemi", dans un contexte historique très trouble. Une affaire qui est donc autant politique que juridique, En tous les cas, le rapporteur public s'est prononcé pour le rejet de la requête  La décision a été mise en délibéré et sera rendue dans un mois..
Le drame de Mers el Kebir sera commémoré le jeudi 2 juillet au Mémorial de la Pointe Saint-Mathieu dans le Finistère, une délégation se rendra pour la première fois à Mers el Kebir le lendemain.


Le reportage à Rennes (35) d'Isabelle Rettig, Thierry Bouilly et Pascal Nau

Intervenants : Denise Ollivier, fille d'un marin tué à Mers-el-Kébir - Hervé Grall, président de l'association des anciens marins et des familles des victimes de Mers-el-Kébir - Me Sophie Maral, avocate de Denise Ollivier / Reportage : I. Rettig - T. Bouilly
Interviews :
- Denise Ollivier, fille d'un marin tué à Mers El-Kebir
- Hervé Grall, président de l'association des anciens marins et des familles des victimes de Mers el-Kébir
- Me Sophie Maral, avocate de Denise Ollivier

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