Acte 1 de la police nationale : "j'ai plus de 200 heures supplémentaires accumulées ces dernières semaines"

Le syndicat policier Alliance lance un appel pour une journée noire  le 19 décembre avec le mouvement "service minimum - 100 % prévention". La mobilisation des Gilets Jaunes pèse sur les effectifs, ainsi que des conditions de travail dégradées comme l'explique Bruno policier à Rennes. 

Le devoir de réserve ne lui permet pas de faire grève, ni d'évoquer son métier en étant identifié. Bruno (nom d'emprunt), policier depuis 18 ans travaille à Rennes. Le 19 décembre, il aimerait participer à la journée noire de la police mais ne le fera pas. Sa compagnie est en sous effectif. S'il manque à l'appel, un de ses collègues en congé sera rappelé. 

Bruno travaille régulièrement sur des missions de maintien de l'ordre, sur les manifestations ou sur les matchs au Stade rennais. Depuis un mois et la mobilisation des Gilets Jaunes, le rythme est épuisant. Pas d'horaires, rappel sur les jours de repos. Il comptabilise plus de 200 heures supplémentaires et une vie de famille chamboulée. 

Lui qui a choisi ce métier par vocation voit ses conditions de travail se détériorer. Appelé récemment sur les manifestations lycéennes en plus du reste, les policiers se retrouvent confrontés à des contres-ordres, entre ceux de leur hiérarchie et ceux des proviseurs qui ne souhaitent parfois pas leur présence (alors que c'est eux qui peuvent la demander). 

"Ça fait des mois qu'on en parle" dit-il à propos de ces conditions de travail et des difficultés matérielles. "On a des véhicules qui ont plus de 210 000 kilomètres, des selleries usées. Nos équipements sont obsolètes." La compagnie de Rennes demande des nouveaux gilets tactiques (ou d'intervention) pendant que d'autres régions en sont dotées. Certains collègues de Bruno ont acheté ces gilets à leurs frais. Pareil pour les chaussures, celles fournies sont inadaptées pour des marches de plus de deux kilomètres, équipement sur le dos, lors des manifestations. 
 

On est pris à partie de plus en plus, on vient nous filmer à 20 centimètres, on en a un peu ras-le-bol


Le gouvernement vient d'annoncer une prime de 300 euros aux policiers mobilisés lors des actions des Gilets Jaunes. Suffisant ? Bruno répondrait "oui" mais "gare aux effets d'annonce, après les manifestations sur la loi Travail on devait avoir une prime. On ne l'a jamais vue." Lui aimerait que les heures supplémentaires soient payées, et défiscalisées. 


Acte 1 pour la police


Les syndicats policiers brandissent depuis lundi le spectre d'un mouvement social au sein des forces de l'ordre. L'un d'entre eux, le syndicat Alliance, a d'ores et déjà demandé "à tous les policiers de France de ne sortir que sur appel" ce mercredi, sous le mot d'ordre "fermons les commissariats", afin d'obtenir du gouvernement de meilleures conditions de travail et de rémunération. 

"Pour cette première journée d'action, les policiers sont conviés à rester dans les services et à ne répondre qu'aux appels d'urgence", a affirmé Alliance dans un communiqué. Celui-ci réclame un "retour sur investissement" et la mise en place d'un "plan Marshall" pour la police. Il demande notamment aux députés de ne pas voter le projet de loi de finances 2019 estimant que le budget consacré aux forces de l'ordre est "insuffisant", relève Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance.

Pour le syndicaliste, le projet de budget "doit prendre en considération un plan de modernisation tant sur le plan immobilier que sur le plan équipement" mais aussi "l'engagement sans faille des forces de sécurité, non seulement ces dernières semaines mais depuis plusieurs années". L'Unsa-Police a enjoint les policiers à se lancer dans
un mouvement "service minimum - 100% prévention" dès ce mardi. La troisième organisation représentative de la police nationale demande à être reçue par le président de la République et met en garde contre "d'autres actions".
 

"Les ronds points ne sont pas réservés qu'aux seuls gilets jaunes"


Unité-SGP-FO a également lancé un appel à la mobilisation des policiers en plusieurs actes sur le modèle de la contestation des "gilets jaunes". Le syndicat a envoyé ce mardi un courrier au chef de l'Etat pour appeler à sa "reconnaissance au-delà des mots et gestes formulés à notre endroit mais demeurés insuffisants pour nos pairs", allusion aux nombreux gestes et messages de soutien adressés par l'exécutif aux forces de l'ordre depuis le début de la crise des "gilets jaunes" et à l'occasion de l'attentat de Strasbourg.

Parmi la batterie d'"avancées sociales" réclamées par le syndicat figurent le paiement du stock d'heures supplémentaires, un effort de l'Etat sur la prise en charge de certaines cotisations sociales, l'apport de 1.000 fonctionnaires chez les CRS ou encore une loi d'orientation et de programmation pour la police nationale.

Unité appelle à une prochaine réunion intersyndicale en milieu de semaine et demande des "réponses fortes" de la part du gouvernement avant le 11 janvier 2019. Sinon, il appellera à une mobilisation nationale le 26 janvier, a expliqué son secrétaire général, Yves Lefebvre. 
 
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