Dans la nuit de lundi 29 à mardi 30 avril, une reconstitution sera effectuée au domicile des Troadec, en présence du principal suspect : Hubert Caouissin.
Que s'est-il passé au domicile des Troadec, tués le 16 février 2017 à Orvault, près de Nantes ? Cette nouvelle reconstitution tentera de répondre à cette question.
La reconstitution est "un acte d'instruction normal dans une affaire criminelle" qui va "nous permettre de visualiser les lieux" et "d'éclairer la compréhension des faits matériels", a déclaré à l'AFP Patrick Larvor, l'un des avocats de Hubert Caouissin, mis en examen pour le quadruple meurtre des membres de la famille Troadec.
Hubert Caouissin a reconnu les meurtres
Cet ancien ouvrier d'État de l'arsenal de Brest, sans antécédent judiciaire, a reconnu avoir tué à coups de pied de biche son beau-frère Pascal Troadec, son épouse Brigitte, 49 ans, ainsi que leurs enfants Sébastien (21 ans) et Charlotte (18 ans) dans leur maison située à Orvault, dans l'agglomération nantaise."Les reconstitutions sont des pratiques de magistrats, certains en font beaucoup, d'autres peu", mais avec "le dossier Troadec c'était évident qu'il y aurait un jour ou l'autre une reconstitution de ce qui s'est passé dans la maison d'Orvault", note Me Loïc Cabioch, l'avocat de Lydie Troadec, compagne du suspect mise en examen pour "modification de l'état des lieux d'un crime" et "recel de cadavres".
Sous contrôle judiciaire, elle n'a pas été convoquée sur les lieux. Seul M. Caouissin sera extrait de sa cellule de la maison d'arrêt de Nantes pour être conduit dans la demeure des Troadec, une maison pavillonnaire blanche entourée d'un petit jardin, dans un quartier résidentiel.
La reconstitution aura lieu dans la nuit de lundi à mardi afin de retrouver des conditions de luminosité semblables à celles de l'époque des faits.
Un puzzle aux pièces manquantes
"Le but est d'abord de vérifier que les déclarations du suspect sont compatibles avec la matérialité des lieux, la disposition des pièces et qu'elles le sont aussi avec ce qu'ont pu établir les experts", indique Me Cabioch, précisant qu'une reconstitution permettait aussi de "faire un album photo qui va être très important aux assises pour illustrer les débats".Comment s'est-il introduit dans le pavillon ? Son geste était-il prémédité ? Dans quel ordre se sont déroulés les événements ? Ces questions viennent s'ajouter à un dossier s'apparentant à un puzzle aux pièces manquantes : mobile flou sur fond de guerre d'héritage, arme du crime volatilisée, corps des victimes transportés, démembrés puis disséminés à plus de 240 km du lieu des faits.
Car le second volet du drame s'est joué loin d'Orvault, dans la propriété du suspect à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère) où il a avoué avoir fait disparaître les corps, en les brûlant dans un four ou en les enterrant sur son terrain.
Des morceaux de corps avaient été découverts peu après les faits. Mais d'autres parties, notamment les crânes des victimes, demeurent introuvables malgré le transport
d'Hubert Caouissin sur les lieux le 12 mars, puis de nouvelles fouilles début avril dont les enquêteurs sont revenus bredouilles.
La reconstitution ne résoudra pas à elle seules les nombreuses énigmes de l'affaire, mais elle s'annonce comme un épisode important de l'instruction qui se rapprochera ainsi un peu plus de sa fin, laissant présager un renvoi devant les assises en 2020.