AGRICULTURE. "Le lait, c'est de l'esclavage industriel." De plus en plus de producteurs de lait abandonnent l'élevage

Des vaches à traire matin et soir tous les jours de l'année. La production laitière semble de moins en moins attirer. La Bretagne a perdu 40 000 vaches entre 2020 et 2021. La filière laitière serait-elle en danger ?

"Le lait, c'est de l'esclavage industriel." Pendant des années, Marc Boudou a trait ses vaches matin et soir, 365 jours par an. Comme ses parents et ses grands-parents avant lui. Et puis un jour, il a jeté l'éponge. C'était il y a 3 ans : trop de travail, trop de paperasse. "Mon comptable estimait l'administratif à un gros mi-temps", se souvient-il.

Aujourd'hui, sur les terres où paissaient ses vaches, l'ancien éleveur de Saint-Domineuc, en Ille-et-Vilaine, fait pousser des céréales. Colza, blé et maïs.  

Le cas de Marc Boudou ne semble pas isolé. La chambre d'agriculture de Bretagne, dans ses derniers chiffres parus ce vendredi 29 avril, annonce une chute de 2.6% du nombre de vaches sur le territoire breton entre décembre 2020 et décembre 2021. Près de 40 000 têtes en moins (39 543 exactement). Pour la 4è année consécutive, le cheptel breton diminue.  

Un éleveur génère 7 emplois.

Didier Lucas

Président de la chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor

Alors faut-il s'inquiéter de cette diminution du nombre de vaches laitières ? A la chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor, son président Didier Lucas, s'alarme de la menace qui pèse sur notre souveraineté alimentaire et sur les emplois induits.

"Un éleveur génère 7 emplois, rappelle Didier Lucas. Ça va de la transformation dans le secteur agro-alimentaire, au maçon ou à l'électricien qui intervient sur les exploitations."  

Un enjeu d'aménagement du territoire

L'autre enjeu majeur de l'élevage pour la Bretagne réside dans l'aménagement du territoire. Les prairies où broutent des vaches, c'est plus de verdure. Si la filière décline, "on va à l'encontre du verdissement, remarque Marc Boudou. Il y aura plus de céréales en Bretagne."  

Si le prix du lait a augmenté en 2021 de 4.8%, selon la chambre d'agriculture pour atteindre 369€ les 1000 litres, il a tout juste compensé l'accroissement des charges.

Malgré le fléchissement du nombre de bovins, le volume annuel produit diminue peu grâce à une productivité accrue. Il passe de 5394 millions de litres en 2020 à 5366 millions de litres en 2021. Une production en partie absorbée par l'exportation : 829 millions d'euros en 2021, dont 12% vers la Chine.  

Mon cadre de vie s'est nettement amélioré, j'ai plus de temps pour moi.

Marc Boudou

Ancien éleveur

Marc Boudou, lui, ne regrette pas l'élevage : "Mon cadre de vie s'est nettement amélioré, j'ai plus de temps pour moi. Et j'ai divisé la quantité de fuel consommée par deux. Le lait, c'est très cher à produire." L'agriculteur assure sur de nombreux collègues souhaitent également arrêter la production de lait. "Si rien n'est fait, la filière est en danger", conclut-il.

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