La Bretagne en situation de pré-sécheresse. C'est le constat que font les météorologues. Depuis octobre 2021, la région est en déficit de pluviométrie : -30% en moyenne avec des pointes à - 40% dans certaines zones du Morbihan. La situation inquiète les agriculteurs.
"La terre est sèche. Ce sont des gros morceaux, ça devrait être une terre qui est beaucoup plus friable." Jean-Paul Riault, agriculteur à Guipry-Messac en Ille-et-Vilaine, malaxe une motte de terre pour mieux illustrer ses craintes. Il a préparé son champ pour y semer du maïs, mais le déficit d'eau depuis octobre dernier, s'apparente à une épée de Damoclès sur ses récoltes.
Un déficit de 30% de pluie
"On sent un sol asséché, qui va être dur à travailler et la réserve en eau est insuffisante pour la culture." En cause des déficits de pluies depuis octobre 2021.
Dans son bureau de Météo-France, Franck Baraer, climatologue, pointe du doigt les chiffres des précipitations sur l'écran de son ordinateur : "On est à 30% de déficit de pluies dans la région bretonne. La recharge hivernale est très insuffisante."
Cliquez sur le graphique pour voir la pluviométrie normale attendue chaque mois :
Une situation inégale sur le territoire breton : "-14 % dans la zone de Perros-Guirec jusqu’à -40% sur les secteur de Pontivy ou Belle Île en Mer", selon Stéven Tual, ingénieur météo à Météo Bretagne.
Un phénomène qualifié de pré-sécheresse par les météorologues, "comme on en connaît tous les 5 ans environ", selon Franck Baraer. Ces experts refusent de lier le manque d'eau au réchauffement climatique. Mais ils soulignent que les étés chauds engendrés par le changement climatique aggravera cette situation de pré-sécheresse.
Il faut économiser l'eau. Mais ce n'est pas la sécheresse du siècle.
Franck BaraerMétéo-France
Sans pluie dans les deux ou trois prochaines semaines, "on pourrait se retrouver en situation de sécheresse à la fin du mois de mai", prévient Franck Baraer. Pour l'instant on est en vigilance, on sait qu'il faut économiser l'eau. Mais ce n'est pas la sécheresse du siècle."
Des pluies inefficaces
Pour l'instant, aucune précipitation n'est prévue avant le 15 mai en Bretagne. Trop tard pour Flora Lucassou, ingénieur hydrogéologue au BRGM de Rennes, le service géologique national : "Ces précipitations n'atteindront plus les nappes car la végétation va prendre le dessus et toute la pluie qui va tomber à la surface du sol va être utilisée par la végétation et ne va plus s'infiltrer à l'intérieur des nappes."
"Il faudra serrer des dents, ça compromet la production laitière pour cet été et la récolte de céréales", se désole Jean-Paul Riault.
En Bretagne, 6 nappes souterraines sur 10 sont déjà en souffrance.
Mercredi 6 mai à 23h15 : Enquêtes de Région sur France 3 Bretagne, "L'eau, une ressource si précieuse".