Suite et fin du périple groenlandais des collégiens de Chartres-de-Bretagne, près de Rennes. Avant de regagner la France le 21 avril, les seize élèves bretilliens ont pu découvrir les courses de chiens de traîneau et les conséquences dramatiques du réchauffement climatique à Ittoqqortoormiit.
Partis le 2 avril pour séjourner trois semaines sur la côte orientale du Groenland, les seize élèves du collège de Fontenay à Chartres-de-Bretagne terminent à présent leur périple. À l'occasion de Pâques, les élèves français et leurs accompagnants ont pu découvrir une tradition vivace de ce pays grand comme quatre fois la France : les courses de traîneaux !
Une grande course de traîneaux
Une grande course annuelle était ainsi organisée, du 14 au 18 avril, à Ittoqqortoormiit, village où les Bretons séjournent. Ces derniers ont pu s'essayer avec plaisir à la conduite des chiens sur la banquise. Pendant de la course, les inuits ont concouru avec leurs attelages de chiens dans plusieurs catégories : hommes, femmes, seniors, enfants ou en couple. Les Bretilliens ont joué les bookmakers.
"Les pronostics, j'ai l'impression qu'il faut les faire par rapport aux chiens et non aux humains. Après, il y a des mushers [les pilotes, NDLR] qui sont plus talentueux que d'autres, qui ont ont une relation spéciale ou qui soignent mieux leurs chiens," réfléchit Xavier Bougeard, responsable pédagogique de l'expédition et admiratif des méthodes d'Aqqalu, musher qui remportera ensuite l'épreuve masculine. L'inuit se fait obéir grâce à sa voix, sans utiliser de fouet. "Si le musher respecte les chiens, les chiens respectent le musher," synthétise Aleyna, collégienne.
C'est grâce à ce moyen de transport peu commun que le groupe français s'est rendu auprès d'un iceberg monumental échoué en baie de Rosevinge. "Lorsqu'on était à l'iceberg, je pense que j'ai vécu le meilleur et le pire de ma vie. Je suis passé successivement par la peur, la joie et la douleur. J'avais les pieds gelés, raconte Ellouen. L'iceberg était immense, mais c'est encore plus fou lorsqu'on sait que 90% de son volume est sous l'eau."
Témoigner du réchauffement
Alors qu'il se trouve à proximité du bloc de glace géant, le groupe d'élèves est surpris par un "bruit super puissant". "Au début, je pensais qu'il s'agissait du vent, mais après réflexion, c'était plutôt un énorme craquement. L'iceberg s'était donc un petit peu effondré. Ça nous a calmés, on est rentrés aussitôt," ajoute Ellouen.
Je suis frappé par le côté tactile des inuits, on dirait qu'ils sont heureux de nous voir. Je pensais qu'ils nous craindraient un peu plus, ils doivent se dire que c'est un peu de notre faute si leur banquise fond.
Ellouen, élève au collège de Fontenay à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine)
"Nous avons appris que le réchauffement climatique allait trois fois plus vite ici. On ne le voit pas à l'œil nu, mais nos rencontres le confirment." Lors de leur visite à la station météo d'Ittoqqortoormiit, les Bretons ont appris qu'on enregistrait désormais ici des températures très hautes l'été pour la région (22°C) et de plus en plus froides l'hiver (-35°C), ainsi qu'une multiplication d'événements violents, comme des tempêtes.
Rien que pendant leur séjour, les jeunes Bretons ont connu une variation de températures de près de 20°C (de -25°C à -3°C). "La neige fond, la débâcle est proche", confie Aël.
À la station, ils ont pu observer Rene envoyer une sonde dans le ciel à l'aide d'un ballon gonflé à hydrogène. Le scientifique danois leur explique que ce ballon va passer d'une forme de boulle d'1,5 mètre sur la terre ferme... à une forme de crêpe de 200 mètres lorsqu'il atteindra une altitude de 35 kilomètres.
Retour en France
Alors que le départ pour la France et proche, chaque élève tire le bilan de cette expérience. Au Groenland, il est certain qu'une chose qui ne leur manquera pas. "Ce que je n'aime pas ici, ce sont les toilettes. On met les papiers dans un sac à part et il faut aller les jeter dans la poubelle. Le sac des filles a percé, c'était une horreur à vider, sourit Aboutaleb, pour qui c'est séjour à l'étranger hors du commun. Jusqu'à présent, j'étais surtout allé au Maroc aller voir ma famille. Là, c'est davantage une expédition. On dort sur des matelas par terre, dans l'école. On doit aller prendre les douches à l'autre bout du village et moi, j'aime pas trop utiliser des douches ou des toilettes qui ne m'appartiennent pas."
Les 23 Bretons ont pu rentrer sains et saufs en France le 21 avril, après trois semaines d'aventure arctique, séjour où ils furent nombreux à expérimenter des premières fois (déplacement en traîneau conduit par des chiens, premier vol en hélicoptère, etc.).
En juin, ils échangeront une dernière fois avec leurs hôtes groenlandais en visioconférence, afin de clore cet échange. "Je sais pas comment faire bouger les choses, comment faire bouger les lignes, réfléchit Aël. Ce voyage nous a nourri, nous avons grandi. À nous de transmettre et d'écrire l'avenir. Serons-nous à la hauteur ?"