Au Groenland depuis le 3 avril, seize élèves du collège de Fontenay de Chartres-de-Bretagne, près de Rennes, relatent ici chaque semaine leur séjour pédagogique. Arrivés à Ittoqqortoormiit, ils doivent s'acclimater à la rudesse des températures et de l'isolement.
Blottie sur la côte orientale du Groenland, la petite localité de 350 âmes d'Ittoqqortoormit porte un nom difficilement prononçable pour n'importe quel Français. Pourtant, le village inuit risque de rester dans la mémoire de seize jeunes de Chartres-de-Bretagne : ces élèves du collège de Fontenay y séjournent pendant trois semaines du 3 au 21 avril.
Là-bas, au-dessus du cercle polaire arctique, ils sont au premier rang pour observer les effets concrets du réchauffement climatique. Ils ont accepté de nous rapporter, chaque semaine, leurs observations réalisées dans le cadre de l'opération scientifique et pédagogique Greenlandia.
Deux avions et un hélicoptère plus tard
Si s'envoler pour le Groenland n'est pas chose aisée, atteindre Ittoqqortoormit, l'un des rares lieux habités à l'est de la gigantesque île, l'est encore moins. Les collégiens sont partis le 2 avril de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle pour rallier Reykyavik, capitale de l'Islande.
De là, ils ont embarqué pour un nouvel avion pour traverser le détroit de Danemark et atterrir sur le sol groenlandais, au petit aéroport de Nerlerit Inaat, situé à une quarantaine de kilomètres d'Ittoqqortoormit. Faute de route pour rallier leur destination, les élèves doivent enfin être acheminés par groupe de 5 à l'aide d'un hélicoptère.
Accueil à Ittoqqortoormit
Mais la météo est capricieuse et 10 élèves doivent rester une nuit supplémentaire à l'aéroport avant de découvrir le village. Bloqués au milieu de nulle part, les collégiens s'acclimatent aux rudes températures en improvisant une bataille de boules de neige. À -15°C, mieux vaut porter des gants.
Le 4 avril, la classe et ses six accompagnateurs peuvent se retrouver au complet devant un repas, où le bœuf séché servi dans les assiettes fait grimacer plus d'un. La troupe de Français a été chaleureusement accueillie par les professeurs et élèves de l'école Ejnar-Mikkelsen, baptisée du nom de l'explorateur danois (1880-1971) qui fonda en 1925 la colonie qui deviendra Ittoqqortoormit.
Des crêpes contre un igloo
Le Danois fut un ami du commandant Charcot, célèbre explorateur français qui cartographia au cours de plusieurs expéditions (1925-1936) les côtes orientales du Groenland, pays appartenant à la couronne danoise et quatre fois plus grand que l'Hexagone. Près d'un siècle après Charcot, l'expédition des Bretons doit rendre compte de l'évolution de l'environnement d'Ittoqqortoormit avec le réchauffement climatique, grâce à des prélèvements et des observations scientifiques.
Le séjour de trois semaines se doit aussi d'être un échange. Les Français y découvrent les acteurs et lieux qui façonnent cette vie d'isolement (pêcheurs, station météo, église) et sympathisent avec les Groenlandais tout en perfectionnant leur anglais. Tout semble avoir bien commencé : après avoir découvert les crêpes préparées le premier soir par les Bretons, les Inuits ont bien voulu leur montrer comment façonner un igloo. Gagnant-gagnant.