Le One Ocean Summit, qui réunira une trentaine de chefs d’Etat du 9 au 11 février à Brest, est l’occasion pour la France d’intensifier sa participation au programme Argo de surveillance scientifique des océans. Le but est de mieux comprendre l’impact du changement climatique sur les océans.
20cm de diamètre, une tête d’épingle à l’échelle des océans et pourtant les 4 000 balises Argo déployées depuis 20 ans sur les mers collectent de précieuses informations. Température, oxygénation, salinité, acidité, état du phytoplancton.
Autant de données qui permettent aux scientifiques du monde entier d’établir des prévisions météo mais aussi de mieux comprendre et anticiper le changement climatique.
Descendre plus profond pour mieux cartographier le changement climatique
La France, qui coordonne les pays européens sur ce projet scientifique et va organiser le One Ocean Summit en février prochain, veut passer à la vitesse supérieure.
Cela va se traduire par un investissement de 21 millions d’euros sur 8 ans afin d’augmenter le nombre de flotteurs et développer leurs capacités techniques. (L'apport français représentera 30% des efforts visés par l'Europe) Les 700 nouveaux profileurs que la France va placer et surveiller et qui viendront s'ajouter aux 4 000 appareils déjà existants, pourront descendre jusqu’à 6 000 mètres de profondeur à la place des 2000 mètres actuellement.
“Nous observons déjà un réchauffement des eaux à 6 000 mètres de profondeur au niveau de l’océan Austral”, explique Virginie Thierry, chercheuse en océanographie physique à l’Ifremer. Avec l’augmentation des gaz à effet de serre, les scientifiques ont besoin de savoir où va cette chaleur et la quantifier.
“L’océan est un régulateur du climat, il absorbe la chaleur qui va être produite sur terre. Et cette régulation se fait notamment grâce aux courants de surface et en profondeur. L’intérêt de descendre à 6 000 mètres de profondeur est d’identifier les courants profonds et comprendre comment ils circulent afin de réguler la température globale,” détaille la chercheuse d’Ifremer.
Les premiers tests sur ces profileurs nouvelle génération seront effectués en 2024 pour un déploiement dès l’année suivante.
Les flotteurs Argo, le fruit d'une coopération mondiale
“Les flotteurs sont des instruments autonomes qui sont largués par bateau à un point GPS précis. Ils effectuent des mesures à en surface puis à 1 000 mètres et 2 000 mètres de profondeur tous les 10 jours, et envoient ensuite les informations aux laboratoires” explique Virginie Thierry, chercheuse en océanographie physique à l’Ifremer.
Pour garantir une couverture globale des océans, la trentaine de pays contributeurs (Etats-Unis, France, Allemagne, Grèce, Angleterre, Chine, Japon, Australie…) effectuent de grosses campagnes de largage en mer mais aussi des campagnes “d’opportunité” à la voile pour venir “boucher les trous” comme c’est le cas avec l’expédition Blue Observer partie de Brest en novembre 2021.
Le travail est sans fin pour les scientifiques et les marins car il faut renouveler les profileurs tous les 5 ans. En 2030, 4 700 flotteurs Argo surveillerons les océans pour continuer à prédire la météo et calculer le changement climatique.