La centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra fonctionner au-delà de 2022 pour garantir l'approvisionnement en électricité de la Bretagne, si son projet de conversion à la biomasse réussit, a annoncé le ministre de la Transition écologique.
Dans un courrier aux syndicats, dévoilé vendredi, François de Rugy rappelle tout d'abord que le gouvernement s'est engagé à fermer toutes les centrales à charbon d'ici 2022. Il affirme cependant que ce calendrier devra "bien évidemment prendre en compte la nécessité d'assurer la sécurité d'approvisionnement".
Assurer l'approvisionnement de la Bretagne
"La préservation de la sécurité d'approvisionnement est (...) un prérequis à la fermeture", insiste François de Rugy. Il souligne notamment "l'importance" de la centrale de Cordemais dans l'approvisionnement de la péninsule bretonne, qui dispose de peu de moyens de productions propres, ainsi que "les incertitudes" entourant les dates de mise en service du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) et de la centrale à gaz à Landivisiau (Finistère), censés couvrir les besoins électriques de l'ouest de la France après 2020.
Alimentation en électricité de la Bretagne : une situation sous tension
En hiver et lors des pics de froid, le réseau électrique, sollicité de toutes parts, atteint ses limites pour l'acheminement de l’énergie vers les consommateurs. RTE (Réseau de transport d'électricité) se doit de diriger au mieux les flux d'électricité selon les appels de puissance. Une situation sous tension, qui peut se traduire par des risques de coupure d’électricité. En Bretagne lorsque la demande augmente de manière conséquente, RTE peut démarrer des centrales thermique au fioul ou au gaz située à Dirinon, Brennilis, Cordemais ou Montoir.Ce jeudi, le site internet EcoWatt alertait, en raison du froid, sur une consommation d’électricité importante prévue ces jeudi 10 et vendredi 11 janvier en Bretagne, en particulier le matin et le soir. Il appelait à réaliser des écogestes pour réduire la consommation.
? Consommation d’#électricité importante prévue ce soir et demain, en particulier le matin et le soir, en @regionbretagne ! Plus de temps à perdre ⏰ Rendez-vous sur https://t.co/sfWNvTpG9A et réalisez des #écogestes ! #MoinsConsommer #MieuxConsommer #OnEstPret pic.twitter.com/9cJwW7iIn2
— ÉcoWatt Bretagne (@EcoWattBretagne) January 10, 2019
Dans un message à l'AFP, le Réseau de transport d'électricité (RTE) qui doit livrer bientôt une "analyse technique" sur l'équilibre offre-demande dans l'Ouest, estimait jeudi que la mise en service de l'EPR de Flamanville, de la centrale de Landivisiau et d'un parc éolien en mer ne rendraient "plus indispensable la production de Cordemais". Mais si l'EPR ne fonctionne pas, "la fermeture de la centrale de Cordemais entraîne bien un risque spécifique", prévenait le gestionnaire de réseau en 2018.
Un dispositif à base de biomasse
A Cordemais, EDF teste un dispositif de cocombustion à base de biomasse, avec pour objectif de parvenir à un ratio de 80% de biomasse et 20% de charbon à "l'hiver 2022/2023", avant d'atteindre le "100% biomasse à horizon 2025/2027", selon Gwenael Plagne, délégué syndical CGT d'EDF, et un essai a été validé en août.Située en bord de Loire, à 30 km à l'ouest de Nantes, la centrale de Cordemais emploie 378 salariés EDF et 250 salariés d'entreprises prestataires.