Après sept ans en prison, un ancien détenu crée un jeu de société sur le milieu carcéral

Après avoir passé sept ans derrière les barreaux, Arbi Madhaj, albanais de 41 ans, a décidé de tourner la page de la délinquance. Il a conçu un jeu de société sur le milieu carcéral, en s’appuyant sur son vécu.
 

Arbi Madhaj est bien placé pour parler des peines risquées et du système judiciaire. Condamné en 2012 pour trafic de stupéfiants, il a enchaîné les centres de détention. Vezin-le-Coquet, Brest, Caen… Une histoire d’amour s’est même tissée entre lui et une surveillante. Un amour interdit qui lui a valu un an d’isolement.

 

52 cartes, 52 délits

 

"Les journées sont tellement longues en isolement, notre cerveau tourne en boucle", se souvient Arbi Madhaj. C’est à ce moment-là que l’idée de créer un jeu de société sur le système carcéral et judiciaire germe dans son esprit. "J’ai fait des cartes en papier. Sur les 52 cartes, j’ai écrit un délit, l’amende qui va avec et le numéro de l’article du code pénal", détaille-t-il.

Le principe du jeu est de sortir de prison après avoir été condamné pour un délit parmi les 52 proposés. Il faut pouvoir sortir tout en échappant aux peines supplémentaires. 

 

 

"Quel est le risque si on utilise un téléphone portable en cellule ? Discriminer quelqu’un est-ce condamnable ?" : ces questions, il tente d’y répondre par le biais du jeu. L’objectif est bel et bien d’informer les jeunes sur le système carcéral et judiciaire français.

Avant d’être condamné, je n’ai jamais réfléchi à la peine que je risquais. On ne regarde pas le code pénal quand on va commettre un délit ou un crime

Arbi Madhaj

 

"La vie en prison, c’est de la survie"

 

"Les jeunes ne réalisent pas ce que c’est le système carcéral. Ils ne se rendent pas compte de la dureté des peines. La vie en prison, c’est de la survie".

Informer avant qu’il ne soit trop tard... L’argent facile, les mauvais contacts, peuvent faire chuter rapidement. Arbi Madhaj est tombé "dans ce milieu" lorsqu’il est arrivé avec sa famille en 1996. En quittant leur pays d’origine, l’Albanie, ils ont fui avant que la guerre civile éclate.

 

 

A Rennes, les premières années, il rêvait de devenir joueur de foot. Mais une grave blessure au genou stoppe net ses projets. Il fréquente les mauvaises personnes et "tombe" dans le milieu de la drogue et des boites de nuits. "C’est l’argent facile qui m’a attiré et l’effet de masse", assure-t-il.

 

De la prévention et de l’information

 

"Le message à faire passer, c’est que ça ne vaut pas le coup. Tout simplement". Pour Arbi Madhaj, l’objectif, à travers son jeu, n’est pas de demander aux jeunes d’arrêter le trafic, mais "de leur montrer ce qui les attendent s’ils continuent".  

Arbi Madhaj peut compter sur le soutien de sa famille et ses proches. "Je suis content pour lui, il a perdu sept ans de sa vie, mais avec l’expérience qu’il a eue en prison, il veut aider les jeunes à savoir à quoi ils peuvent s’attendre. C’est une bonne initiative qui va avec sa personne", confie Mohcine, un ami de la famille.

Pour y arriver et développer son projet, il espère obtenir des aides des différentes mairies bretonnes et des départements. Le jeu devrait sortir en juillet.

Il aimerait également intervenir dans les collèges, les lycées, les associations qui accueillent les jeunes en difficulté ou encore dans les missions locales. Pour le moment, une cagnotte est en ligne pour pouvoir récolter des fonds et poursuivre son projet.

Cet été 2020 : le concepteur a trouvé un éditeur. Il va maintenant pouvoir commercialiser son jeu de société.
 

 

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