Pour beaucoup, la crise du coronavirus a mis au jour les défaillances de l'État. Pour le politologue Romain Pasquier, un État trop centralisé et trop ankylosé. Il doit désormais faire plus confiance aux collectivités territoriales. Entretien.
Nous fêtons cette semaine la Bretagne. Beaucoup rêvent d'une région moins corsetée. Justement avec cette crise sanitaire, une région plus autonome aurait-elle été plus efficace que l'État ?
En faisant les bons choix stratégiques, une région autonome aurait pu faire mieux. En Italie, par exemple, une région autonome comme la Vénétie s'est montrée très rapide et performante dans l'utilisation des tests et la distribution des masques au personnel soignant. Durant cette crise en France, on a vu un État central ankylosé.
Pourtant en classant des départements en rouge ou en vert, l'État a appliqué la différenciation tant réclamée ?
Oui, mais sous la contrainte. L'État a territorialisé la gestion du déconfinement. Il n'a pas pu faire autre chose que de s'accommoder ou de s'appuyer sur les élus locaux. On l'a notamment vu sur la thématique des plages ou des parcs et jardins. Il a fallu que les élus locaux poussent pour que l'État fasse enfin sa mue.
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Aujourd'hui c'est un circuit court pour la prise de décision qui doit primer ?
C'est la clé de la réactivité que ce soit dans une crise sanitaire, climatique ou économique. Il faut des circuits courts pour apporter des réponses à ceux qui en ont besoin.
L'État, dans sa majesté et dans sa verticalité est un État nu. C'est un "roi nu". Il est lent et toujours en retard d'une guerre de manière systématique.
Mais la France ne sera jamais un État fédéral ?
Non, car ça n'est ni sa tradition, ni son histoire. Mais elle doit faire plus confiance à ses territoires. Elle doit être intelligente collectivement et être mieux coordonnée. L'heure de la subsidiarité est venue. C'est une véritable révolution copernicienne, une véritale révolution mentale que le pays doit mener.
Qui détient les clés de cette révolution ?
Le président, qui n'est pas encore tout à fait girondin. Les députés qui doivent accepter que les collectivités aient plus de pouvoir réglementaire. Les élus locaux qui doivent accepter d'être plus responsables devant les électeurs. Mais aussi les citoyens qui doivent arrêter de se tourner tout le temps vers l'État et un peu plus s'auto-organiser.