Avec la fin de la trêve hivernale ce 1er juin, les associations s'inquiètent

En raison du contexte sanitaire et social, la trêve hivernale se termine exceptionnellement ce 1er juin 2021. Le gouvernement avait accordé deux mois supplémentaires à l’abri aux personnes en situation précaire. A la veille de cette date, les associations redoutent le pire.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

En 2020, les expulsions avaient chuté de 79%. Pendant le premier confinement, l’état avait prolongé la trêve hivernale, l'interdiction d'expulsion, jusqu’au 1er juillet et demandé aux préfets de ne mettre aucune personne dehors si elle n"avait pas de solution de relogement.

"Que va-t-il se passer si les expulsés de l’an passé s’ajoutent aux expulsés de cette année ?" s’inquiète Hugues Feltesse, membre du Collectif Alerte Expulsion Bretagne. "Cet effet rattrapage, c’est une vraie bombe à retardement" soupire t’il.

Les associations ont fait les comptes: au plan national, ce sont 30 000 locataires qui sont menacés d’expulsion.

Les angoisses de Clémence

Car tout peut aller très vite : Clémence ( c'est un prénom d'emprunt ) habite à Plouray dans le Morbihan. Elle recommence à espérer depuis quelques jours, son bailleur lui a promis un arrangement si elle acceptait l’échéancier. En plus de son loyer, elle devra rembourser 80 euros par mois.

"On avait des petites économies, souffle- t-elle, mais quand mon mari est décédé, on n’avait pas assez pour lui offrir des obsèques dignes alors j’ai pris ce qu’il fallait et depuis, sans sa pension, je ne m’en sors pas. Mes revenus ont diminué et tout le reste augmente. J’espère ne pas être expulsée." lâche-t-elle. A 71 ans, elle ne veut pas baisser les bras.  

Stéphane Martin, directeur de la Fondation Abbé Pierre à Rennes le constate au quotidien. "La pression dans les HLM est de plus en plus importante. Les rotations ont baissé de 50%." Entre 1990 et 2020, la part des moins de 30 ans dans le parc social a chuté de 24% à 8%. "En Bretagne, on compte 20 000 places pour 70 000 demandes et l’écart entre l’offre et la demande ne cesse de se creuser". Des centaines de ménage sont en difficultés. 

Montée des précarités

Le contexte sanitaire pourrait bien encore compliquer la situation. Le nombre de demandeurs d’emplois est en hausse sur un an de presque 7%. Certaines professions jusqu’ici épargnées, comme tous les métiers de l’hôtellerie, de la restauration ont énormément souffert. Précarité,  chômage partiel, la situation financière des familles s 'est tendue. Selon la Caisse nationale d’allocation familiale, à la fin de l’année 2020, 309 000 ménages étaient en situation d’impayés.

"Quand on voit ce qui se passe pour l’aide alimentaire, on imagine... souligne Hugues Feltesse," on sait bien que quand on a besoin de faire appel à l’aide, ce n’est pas par plaisir, c’est qu’il y a de grosses difficultés de trésorerie".

Cet hiver, le député LREM Nicolas Démoulin a remis son rapport au Premier Ministre sur la Prévention des expulsions locatives. "Au-delà de la période de trêve hivernale le risque de fragilisation des petits bailleurs qui dépendent de leur loyer est réelle "écrit il. Il réclamait que le fond soit abondé de 80 millions d’euros. Il ne n’a été que de 20 millions. "Ce n’est pas du tout à la hauteur ", explique la fondation Abbé Pierre.

La pénurie éloigne les gens, pas les problèmes

"Quand les familles ne trouvent pas de logements adaptés dans les grandes villes, elles cherchent à aller un peu plus loin. Dans les périphéries. Mais les charges se déportent alors ailleurs, sur les coûts de l’énergie, dans des habitats souvent mal isolés ou dans des frais de transport, l’achat d’une voiture, l’essence, l’assurance. Et quand les gens ne peuvent plus faire face à ces dépenses, c’est vite la catastrophe" témoigne Stéphane Martin de la Fondation Abbé Pierre," il faut qu'on arrête d'expulser et qu'on construise des logement adaptés aux revenus et aux besoins des gens." 

"Car quand on perd son logement, insiste Hugues Feltesse, c'est un cercle vicieux : les gens qui ont épuisés toutes les ressources familiales ou amicales n’ont plus d’autres choix que la rue ou un squat et dans la situation sanitaire actuelle, aucune de ces deux solutions n’est une bonne solution".

Urgence pour l'hébergement d’urgence

Le gouvernement a annoncé que les 43 000 places d’hébergement d’urgence créées pendant le premier confinement resteront ouvertes jusqu’à fin mars 2022. C’est une bonne nouvelle, pour ceux qui y ont une place, une mauvaise pour tous les autres résument les associations.

"Le dispositif accueil urgence est saturé, explique Coline Gayou, coordinatrice générale de l’antenne de Rennes d’Utopia 56. Si il n’y a pas de sorties, il n’y aura forcément, pas d’entrées et déjà, à chaque maraude le mardi et le jeudi avant la fin de la trêve, on croise une centaine de personnes vivant dans les rues de Rennes."

 

Que se passera-t-il le 1er juin, lorsque la trêve prendre fin ? Les associations n’ont aucun chiffre. Mais beaucoup de craintes. Elles demandent que des solutions soient mises en place pour trouver un logement ou un hébergement pour tous. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité