Depuis le vote du Brexit en juin 2016, les Britanniques qui vivent en France (ils seraient environ 200 000) s’inquiètent. Doivent-ils rester ou rentrer dans leur pays ?
À un an de la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union Européenne, les modalités d’application du Brexit restent floues. Outre-Manche, certains n’ont pas attendu la date fatidique pour partir. Européens convaincus, ils viennent s’installer en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine ou en Pays de la Loire, bien décidés à rester sur le continent européen, quitte à devoir demander la nationalité française.
C’est en Centre Bretagne que vit la majeure partie des Britanniques qui dans les années 90-2000 a choisi de s’installer dans l’ouest de la France. Ils sont aujourd’hui, 14 000 (soit près de 20% de la population étrangère dans la région et première communauté étrangère).
Principale cause de leur départ : des prix de l’immobilier exorbitants Outre-Manche mais aussi une meilleure qualité de vie, moins de stress et un quotidien plus agréable.
En Centre-Bretagne et en Mayenne
La Mayenne fait aussi partie des départements attractifs qui pour les mêmes raisons ont séduit les Britanniques ces vingt dernières années. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Jane et son mari à s’installer à Chailland voilà douze ans. Leur fille avait alors six mois et leur fils, Grégor est né ici. Jane, une solide écossaise, a ouvert son agence immobilière et travaille autant avec les Français qu’avec les Britanniques. Parfaitement intégrés dans la commune, ils parlent bien français et les enfants sont parfaitement bilingues, ils n’ont aucune envie de rentrer dans leur pays natal. "J’ai une belle vie ici, confie Jane. J’ai mes amis, j’ai deux salariés, mon travail. Donc pas question de rentrer. Je songe même à demander la nationalité française."
Explosion des demandes de nationalité
Et Jane n’est pas la seule. Conséquence : les Britanniques sont de plus en plus nombreux à s’informer sur les titres de séjour européens mais aussi sur l’obtention de la nationalité française. À Gouarec, l’association AIKB, Intégration Kreiz Breizh, qui regroupe plus de 500 Britanniques, les aide dans leurs démarches et les informe. Maggie Fee, l’animatrice a déjà organisé plusieurs réunions pratiques et chaque fois, une quarantaine de ses compatriotes sont présents.
Mais Maggie le sait, tous ne pourront obtenir la nationalité française : "Il faut être en France depuis plus de cinq ans mais surtout bien parler la langue et avoir un bon niveau de connaissance de la culture française ou des institutions", explique t-elle à ceux qui viennent la voir au siège de l’AIKB. "Et puis il faut aussi prouver qu’on a suffisamment de revenus pour ne pas avoir besoin d’aides de l’Etat français. À défaut, obtenir un permis de séjour européen est la solution la plus facile, mais il faut le faire rapidement, tant que la Grande-Bretagne fait encore partie de l’Europe. En mars 2019, il sera trop tard."
Reste qu’entre 2015 et 2016, année du Brexit, les demandes de nationalité de la part des Britanniques ont explosé en France : +254% !
Exode et arrivées
Néanmoins, certains ont déjà choisi de quitter la France et d’autres devraient le faire dans les mois qui viennent. C’est le cas de Lisa Mc Inerney qui avec son époux a ouvert un B&B à Landivy, en Mayenne depuis un an. Ca marche plutôt bien mais le couple, qui a voté en faveur du Brexit, s’inquiète un peu pour la suite. Pourront-ils continuer à voyager aussi facilement, auront-ils besoin d’un visa, quelles seront leurs conditions de vie en tant que citoyens britanniques en France?
À l’inverse, le Brexit pousse aussi des Britanniques à s’exiler sur le continent. C’est le cas de Sarah Page et Sandy Peat. Toutes les deux avaient bien l’intention de prendre leur retraite en France mais le vote du Brexit a précipité leur arrivée. Sarah, qui travaillait dans la police en Cornouailles a débarqué en Centre Bretagne fin 2016 avec ses sept chiens. Elle s’est achetée une petite maison en pierre ou elle apprécie le calme et la gentillesse de ses voisins. La jeune retraitée a du mal à comprendre le vote de ses compatriotes : "Je suis très en colère, ils n’ont pas compris tout ce que l’Europe leur a apporté."
Même déception chez Sandy qui vient d’acheter une maison près de Carhaix avec son mari et n’a aucune intention de rentrer en Angleterre. "Mes enfants vivent à Singapour et en Norvège, je n’ai plus de parents là-bas et la dernière fois que j’y suis allée, ça m’a fait bizarre. Ce n’était plus chez moi. C’est ici en France que je vis désormais", explique-t-elle dans un français encore un peu balbutiant mais qui ne demande qu’à s’améliorer. Toutes les deux s’il le faut demanderont aussi la nationalité française. "Je regrette aujourd’hui, dit Sarah en souriant, je n’ai pas assez travaillé mon français à l’école". Mais elle promet d’y consacrer désormais une bonne partie de son temps.