La compagnie Ponant, propriété de la famille Pinault a annoncé le lancement du premier brise-glace de croisière de luxe au monde, un navire hybride électrique propulsé au GNL. Un bateau épinglé par l'association environnementale Robin des Bois.
Le 20 décembre dernier, la compagnie Ponant, propriété de la famille Pinault (Artémis) annonçait le lancement d'un brise-glace géant propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL), doté d'un moteur hybride. Un navire de croisière du luxe, navigable en 2021. Ce géant des mers salué par la presse spécialisée comme un "challenge technique de premier plan" et totalement inédit sur ce secteur, promet à ses clients de "traverser l'Atlantique, d'atteindre le pôle nord, découvrir l'extrême nord-est du Groenland, sur les traces des grands explorateurs polaires, dans un écrin raffiné aux prestations de luxe jamais encore proposées dans les zones extrêmes des hémisphères Nord et Sud. Plus encore que des croisières, ce sont de véritables odyssées polaires que nous vous proposons avec ce nouveau navire".
Pour Robin des Bois un "pollueur des banquises"
L'association environnementale Robin des Bois voit elle dans ce nouveau navire de 150 mètres de long, un "pollueur des banquises", équipé de deux hélicoptères et 16 zodiacs, qui veut emmener des centaines de clients "dans des endroits inaccessibles où les ours polaires, les renards arctiques, les manchots empereurs et les phoques de Weddell étaient jusqu’alors épargnés par les intrusions humaines".
Des matières dangereuses à bord du bateau
Elle dénonce encore l'exploitation de trois matières dangereuses "4 500 m3 de gaz naturel liquéfié, plusieurs centaines de tonnes de batteries au lithium et 1 000 t de fioul d’appoint pour la propulsion". Alors que la compagnie mettait elle en avant "le développement durable au cœur de la conception", avec un brise-glace "équipé des dernières technologies en matière de préservation de l’environnement", doté notamment de systèmes innovant de traitement des eaux usées ou de récupération de l'énergie.
Selon Robin des Bois, "l’initiative de la compagnie française va propager les risques et les nuisances du tourisme en Antarctique et faire du pôle nord géographique une station estivale de sports d’hiver et de causeries scientifiques". Elle pointe plutôt les conséquences de ce tourisme sur un environnement encore largement préservé car très peu inexploré.
Greenpeace aussi remet en cause ce type de croisières
Robin des Bois n'est pas la seule association à pointer du doigt ce navire, Greenpeace, également a manifesté des craintes quant à ce développement du tourisme en Arctique : « La chose la plus triste dans cette histoire est le fait que les navires ont de plus en plus accès à l'Arctique éloigné du fait du changement climatique. C'est une sorte de tourisme tragique. Le Grand Nord connaît un changement fondamental et doit bénéficier d'une action urgente pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons besoin de protection pour l'Arctique et d'actions sur le changement climatique, pas d’y voir de luxueux navires de croisière », a ainsi estimé Ben Ayliffe, le porte-parole de Greenpeace International pour les sujets liés à l’Arctique. « Ce navire va probablement encourager d'autres opérateurs à suivre le même chemin, avec des bateaux qui ne seront pas forcément hybrides comme celui-ci. En cas d’accident, une pollution au fuel lourd serait catastrophique et causerait des dommages qui dureraient des dizaines d'années. À cela s'ajoute l'impact du carbone noir - la tache produite par les moteurs des navires - qui contribue au réchauffement déjà important dont l'Arctique est témoin. »