Alors que les réseaux internet sont particulièrement sollicités en cette période de confinement, l'entretien des câbles sous-marins est une opération certes classique, mais cruciale. Encore faut-il trouver les membres d'équipage pour œuvrer.
Assurer l'entretien des câbles sous-marins : des opérations, classiques, devenues cruciales à l'heure où les réseaux internet sont sur-sollicités, et que la crise sanitaire du Covid-19 rend aussi inhabituellement compliquées. Deux navires d'Orange Marine, filiale de l'opérateur historique dédiée à la pose et à l'entretien des câbles sous-marins, viennent d'ailleurs d'effectuer une relève de leur équipage pour se rendre sur de nouvelles missions.
"Le "Pierre de Fermat" a appareillé vendredi matin à Brest et fait route depuis vers la mer du Nord pour réparer le câble TAT-14, qui relie les États-Unis au nord de l'Europe", a expliqué son directeur général Didier Dillard lors d'une conférence téléphonique. "Ce câble fait une boucle. Si l'un des brins a un défaut, le trafic (des données) n'est pas perturbé, mais si par malheur la deuxième branche est coupée en même temps, ça peut être très pénalisant pour tous les opérateurs européens (dont Orange) qui l'utilisent", détaille le dirigeant.
Alors que le confinement provoque une sur-sollicitation du réseau internet, notamment liée à la forte consommation des films et séries sur les plateformes américaines
de vidéos, la réparation du vieux câble transatlantique, inauguré en 2001, est "très attendue".
Double test pour les membres d'équipage
Une mission de ce genre est classique pour Orange Marine qui exploite 7 navires, dont 6 capables de faire de la maintenance. Mais la crise sanitaire a sérieusement compliqué les préparatifs et entraîné quelques jours de retard lors de l'escale à Brest. "Dans les coursives d'un navire, il est impossible de respecter un mètre d'écart entre les marins. Et si une personne est contaminée, il est difficile de faire en sorte qu'elle reste confinée. Il est donc important de s'assurer que le personnel qui embarque n'est pas porteur du virus", explique Didier Dillard.
Les quelque 60 membres d'équipage ont donc fait l'objet d'un "double test" (antigène et sérologique), un programme "défini et validé par les équipes médicales d'Orange
en accord avec les salariés". "Si cette relève a pu être un succès, c'est qu'il y a eu suffisamment de volontaires pour permettre à un équipage complet de partir", se félicite Didier Dillard.
Certains revenaient tout juste de mission et ont accepté d'embarquer pour un mois supplémentaire. Parmi eux, des marins malgaches qui ne peuvent rentrer chez eux en raison de la fermeture totale des frontières de Madagascar. "On a fait en sorte de leur octroyer plus de temps de communication avec leur famille", mais pour eux, "il n'y avait pas vraiment le choix. Ils resteront tant que Madagascar refusera de les rapatrier", reconnaît le directeur général d'Orange Marine.
Pas d'échange entre le bord et la terre durant un mois
La mission devrait durer "une dizaine de jours" maximum et pourra être poursuivie avec une autre réparation - elles sont "fréquentes ces derniers temps". "Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y aura pas d'échange entre le bord et la terre durant un mois, pour réduire le risque de contamination du navire".
Le "Raymond Croze", l'un des plus vieux navires de la flotte d'Orange Marine, doit également appareiller durant le week-end de La Seyne-sur-Mer, dans le Var, avec le même protocole vis-à-vis de son équipage, pour un incident au large de la Sardaigne sur le câble Sea-Me-We 4. "Les liaisons entre l'Europe et l'Asie du Sud-Est sont en danger tant que les réparations sur ce câble ne seront pas effectuées", a affirmé M. Dillard.
L'organisation des relèves est "plus compliquée" encore pour le navire René Descartes, actuellement en mer de Chine orientale. "On est en train de travailler sur le sujet", assure M. Dillard.