Quatre Bulgares de 35 à 51 ans ont été condamnés en leur absence mercredi à Rennes à des peines de 3 à 5 ans de prison, pour des retraits frauduleux de plus de deux millions d'euros effectués grâce à des cartes bleues piratées en France.
Quatre Bulgares ont été condamnés pour des retraits frauduleux de 2 millions d'euros mercredi 11 octobre à Rennes et en leur absence. Les peines vont de 3 à 5 ans de prison, pour des retraits frauduleux évalués à deux millions d'euros, réalisés grâce à des cartes bleues piratées en France.
Georgi Martinov, promoteur immobilier de 46 ans, présenté par l'accusation comme le financier du réseau de malfaiteurs, a été condamné à 5 ans de prison et 100.000 euros d'amende. Le procureur Emmanuel Razous avait requis 4 ans de prison et une amende identique.
Martin Zlatarev, 35 ans, qui n'était pas présent à l'audience, a écopé de 3 ans de prison et 15.000 euros d'amende, contre 3 ans et 10.000 euros requis.
Elin Elin, 49 ans, qui se présente comme un "chef d'entreprise", a été lui condamné à 4 ans de prison et 80.000 euros d'amende contre trois ans requis à l'audience.
Enfin, Veselin Milushev, 51 ans, qui se dit étudiant, a pris 4 ans de prison et 30.000 euros d'amende, contre 40 mois et 15.000 euros requis à l'audience. Des mandats d'arrêts ont été lancés contre les quatre hommes qui n'étaient pas présents à la lecture du jugement. Ils comparaissaient depuis mardi devant la Juridiction interrégionale spéciale (Jirs) de Rennes pour des faits remontant aux années 2006 et 2007.
Des retraits d'argents suspects signalés en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-d'Armor
Tout avait commencé en septembre 2007, quand les gendarmes de Fougères (Ille-et-Vilaine) et Loudéac (Côtes-d'Armor) avaient reçu une série de plaintes de particuliers leur signalant des retraits d'argent suspects en Afrique du Sud. Les enquêteurs découvraient alors que les victimes s'étaient toutes servies dans les deux mêmes distributeurs automatiques de carburant. Sur ceux-ci, avaient été installés des "skimmers", des dispositifs permettent de copier les informations des bandes magnétiques des cartes bleues.
Les malfaiteurs encodaient ensuite des cartes magnétiques vierges avant d'effectuer des retraits en Afrique du Sud, en Grèce, en Italie, etc... Grâce aux recherches sur la téléphonie mobile, les gendarmes ont remonté un réseau de malfaiteurs déjà actif au Danemark et en Allemagne et identifié une vingtaine de stations-services piratées sur toute les France. Une série d'interpellations et de perquisitions en France et en Bulgarie ont permis de dénombrer 5.340 cartes bancaires contrefaites et 10.633 retraits frauduleux portant sur 2,04 millions d'euros au total.
Où est l'argent ?
"La question qui se pose, c'est : où est passé l'argent ? Une partie du dossier nous échappe", a dit Me William Pineau, avocat de M. Martinov, chez qui les enquêteurs avaient trouvé 452 cartes magnétiques vierges lors d'une perquisition. M. Martinov "n'a pas le profil. Sur le plan patrimonial, sa fortune est faite, il est à l'abri du besoin", avait plaidé l'avocat, qui a annoncé son intention de faire appel.
Veselin Milushev, qui n'était pas conseillé par un avocat, en avait lui appelé à la clémence du tribunal après les réquisitions "cruelles" du parquet qui risquaient de "gâcher toute (sa) vie".