Tantôt gagnées, tantôt perdues, les batailles ont écrit l'histoire de France, dessiné nos frontières, façonné nos langues et notre culture. Nous vous invitons à remonter le temps, à repartir sur les champs de ces batailles qui ont marqué la Bretagne, et laissé quelques traces.
Nous sommes en 56 avant Jésus Christ… toute la gaule est occupée par les romains… Toute ? Non ! Un petit coin d’irréductibles Vénètes résiste encore et toujours à l’envahisseur !
Dans La Guerre des Gaules, Jules César décrit les Vénètes (qui ont donné leur nom à la ville de Vannes) comme "le peuple de beaucoup le plus puissant de toute cette côte maritime".En 57, avant notre ère, le futur empereur romain envoie une légion soumettre l’Armorique. Dans un premier temps, les Vénètes se soumettent.
Mais, quand au début de l’hiver Publius Crassus, commandant des légions romaines d’Armorique, exige du blé, les Vénètes refusent et font prisonniers les ambassadeurs chargés de la collecte.
Pour César, la guerre est déclarée !
Il est inquiet. Ces Vénètes écrit-il "encouragent les autres cités à conserver la liberté qu’elles avaient reçue de leurs pères plutôt que de supporter l’esclavage des romains".
N’ignorant pas la puissance de l’armée romaine, les Vénètes ont construit des forteresses, des Oppida, en bord de mer, sur des pointes de terre.
Intervenant: Philippe Lanoë, hitsorien. reportage: Séverine Breton, Thierry Bouilly. Infographies: Antoinette Grall. Montage: AM Rouannès. Mixage: Martial le Carrour.
L’historien Philippe Lanoë sourit quand il raconte leur stratégie : quand les romains tentent de les assiéger, les Vénètes montent à bord de leurs navires et s’enfuient par la mer vers une autre oppida.
Les romains n’ont plus qu’à recommencer un siège ailleurs… d’où les Vénètes s’enfuiront par la mer...etc, etc...
De grands marins
Les Vénètes sont agriculteurs, mais surtout marins. A l’époque, explique Philippe Lanoë, ils commercent déjà avec la Bretagne, que l’on nomme aujourd’hui Angleterre…ils connaissent parfaitement l’océan et notamment les marées.
Leurs bateaux sont adaptés au hauts fonds et au reflux, ils ont des proues et des poupes très hautes qui permettent de naviguer par gros temps, et qui, en temps de guerre, rendent très difficile toute tentative d’abordage.
Les romains, eux, ont davantage l’habitude des combats à terre. César donne ordre de faire construire des navires et fait venir des galères de Méditerranée.
Lorsque ses embarcations sont enfin prêtes, Julius Brutus prend la mer. Mais en arrivant devant la presqu’ile de Rhuys, il est surpris par l’armada de 220 bateaux Vénètes.
La bataille navale
Les navires Vénètes tentent de briser les embarcations des romains en les percutant. Plusieurs navires romains sont coulés. Brutus envisage alors de s’échouer pour continuer le combat à terre, cela contraint les Vénètes à manœuvrer pour s’approcher des côtes, ils perdent de la vitesse.
Depuis la terre, César assiste à la scène. Les romains le savent, et décident de repartir à la charge. C’est alors que soudain, le vent tombe.
Les galères, équipées d’avirons deviennent les plus rapides. Les Vénètes n’ont que leurs voiles, et se retrouvent en difficulté. Les romains ont fabriqué des perches équipées de faux pour couper les cordages des voiles Vénètes. Les bateaux sont alors totalement immobilisés, à la merci des romains.
Le combat s’achève à la tombée de la nuit. Les Vénètes ont perdu. Jules César fait mettre à mort les chefs Vénètes et vend leurs soldats comme esclaves. César est venu, il a vu, il a vaincu !