Les réactions sont nombreuses au lendemain du rejet de ratification de la charte européenne des langues régionales. Socialistes et régionalistes sont nombreux à dénoncer ce "vrai visage de la droite".
« Memestra, ar brezonegh zo eur yezh flour », « Quand même, la langue bretonne est une bien belle langue ». C'est par cette phrase en breton que le sénateur de Loire-Atlantique Ronan Dantec commençait son intervention dans l'hémicycle du sénat le 27 octobre, jour d'examen de la loi sur la ratification des langues régionales.
Quelques jours plus tôt, une soixantaine de parlementaires, à l'initiative du député du morbihan Paul Molac, appelaient dans une tribune les sénateurs à "un ultime sursaut".
Ces tentatives de faire pencher le sénat, à majorité de droite, de ne pas "enterrer" la promesse de François Hollande de ratifier une charte signée par Lionel Jospin en 1999, seront restées vaines.
La #chartelanguesregionales protégeant cette diversité source de richesse culturelle rejetée par le Sénat. Je suis écœuré ! #BZH
— Ronan Loas (@RonanLoas) October 28, 2015
En fin de journée, 180 sénateurs, essentiellement de droite, mais aussi RDSE (à majorité PRG) ont voté une question préalable sur le texte du gouvernement présenté quelques semaines avant les élections régionales. 153 élus de gauche ont voté contre. L'adoption de cette question a entraîné automatiquement le rejet du projet de loi, éloignant ainsi l'hypothèse d'un congrès pour adopter cette réforme constitutionnelle.
De nombreuses réactions
"Je suis dégoûté" indique Ronan Loas, le maire de Ploemeur sur Twitter. Sur le réseau social, le premier ministre Manuel Valls "regrette le choix de la droite sénatoriale d'esquiver le débat sur les langues régionales et d'être sourde aux attentes des territoires."Je regrette le choix de la droite sénatoriale d'esquiver le débat sur les langues régionales et d'être sourde aux attentes des territoires.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 27 Octobre 2015
Certains reprennent l'argument souvent cité des dernières semaines, qui précise qu'aujourd'hui la signature de cette charte est un préalable à l'adhésion à la Communauté Européenne.
Article 75-1 de la Constitution du 4 octobre 1958 «Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France.» https://t.co/d3WoTTgmk1
— Bzh à partir de 1946 (@Bzh1946) October 28, 2015
"Cette réaction de la droite n'était pas prévisible il y a encore quelques mois, mais il semblerait bien que ce soient les petites combines politiciennes qui l’aient emporté" a estimé Paul Molac dans un communiqué.
Le sénat rejette la ratification. Le mepris colonial de la droite sénatoriale est affligeant. En France l'évolution est un combat.
— Paul Molac (@Paul_Molac) October 27, 2015
Tête de liste de Les Républicains aux élections régionales en Bretagne, Marc le Fur a regretté dans un communiqué le choix du Sénat, estimant que "ce sujet important pour tous a de nouveau été l’objet d’une prise d’otage des partis politiques français". Il rejette toutefois la responsabilité sur les "soi-disant habiletés de M. Hollande" et d'un calendrier, proche des Régionales, qui favorise les divisions plutôt que le rassemblement.
Gaël Roblin, pour la liste Bretagne en Luttes / Breizh o Stourm, souligne ce "coup dur surtout pour Marc Le Fur et ses alliés régionalistes" et appelle dans un communiqué à en finir avec avec "ces pratiques de lobbying auprès des partis de Paris, qu’il soit du PS ou des Républicains".